Les réfugiés continuent à périr par centaines dans les eaux de la Méditerranée
Par N.TPublié le
Les chiffres n’étonnent même plus, qui alimentent à peine les rubriques faits divers des médias européens, déclenchent quelques paroles d’officiels en attendant le prochain épisode meurtrier. Un naufrage survenu ces derniers jours a fait 500 morts, la pire hécatombe de l’année 2016 confirmée par le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR).
L’institution cite des témoignages concordants de 41 survivants arrivés le 17 avril à Kalamata, en Grèce. «Il s’agit de 37 hommes, trois femmes et un petit garçon de 3 ans voyageant avec sa famille. 23 venaient de Somalie, 11 d’Éthiopie, 6 d’Égypte et 1 du Soudan», a précisé le HCR dans un communiqué. Les rescapés ont dérivé en mer «pendant peut-être trois jours» avant d’être secourus le 16 avril par un navire marchand. Les migrants se sont noyés durant une opération de transfert, entreprise par les passeurs, d’un bateau à un autre. Ils avaient dans un premier temps pris la mer à bord d’une embarcation d’une trentaine de mètres près de Tobrouk, dans l’est de la Libye. C’est de là que se préparent désormais à partir des milliers de migrants.
« l’Italie risque de se transformer en camps de réfugiés à ciel ouvert »
L’accord conclu entre l’UE et la Turquie, qui ferme la route des Balkans, les contraint à emprunter cette voie, beaucoup plus périlleuse, vers l’Italie. Selon Federica Mogherini, la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères, quelque 450 000 personnes déplacées et réfugiées à l’intérieur de la Libye sont «autant de candidats potentiels à la migration vers l’Europe». Les autorités italiennes s’attendraient à l’arrivée de près de 500 000 réfugiés en provenance de Libye dans les prochains mois, rapportent les médias. Les réfugiés risquent d’y végéter dans des situations épouvantables, à l’image de ce qui se passe en Grèce dans le camp d’Idomeni, à la frontière avec la Macédoine.
«Du sud au nord, l’Italie risque de se transformer en camps de réfugiés à ciel ouvert», met en garde Loris de Filippi, président de Médecins sans Frontière Italie. Il rapporte sur son blog qu’au moins 10 000 personnes errent déjà dans les rues, se réfugient dans les espaces publics, gares, métros, jardins. Des «hommes, femmes et enfants dans des conditions de vie inacceptables et avec peu ou pas d’accès aux soins», dénonce-t-il.
L’arrangement de l’UE avec la Turquie ouvre ainsi la voie à un nouveau cycle de catastrophes. L’année 2016 pourrait être la plus meurtrière au large des côtes libyennes. Le HCR continue à réclamer pour sa part «l’augmentation de voies régulières pour admettre les réfugiés et les demandeurs d’asile en Europe». Mais l’institution prêche dans le désert. L’Europe continue à se barricader et à prendre des mesures insensées face à un désastre humanitaire de grande ampleur.