Egypte : Morsi placé en détention préventive, week-end sous tension en perspective
Par jcsPublié le
L’ancien président égyptien, Mohamed Morsi, a été placé aujourd’hui en détention préventive par la justice. Il lui est reproché une complicité avec le Hamas au début 2011. Les manifestations à venir s'annoncent tendues.
Cette mise en détention intervient trois semaines après la destitution de Mohamed Morsi, élu en 2012, sous les couleurs du parti affilié aux Frères Musulmans. Déposé par l’armée le 3 juillet, l’ex-chef de l’Etat est détenu dans un endroit tenu secret depuis cette date.
La justice a donc décidé aujourd’hui de le placer en détention préventive pour une durée maximale de quinze jours. Sous l’ancien régime d’Hosni Moubarak, des attaques contre la police, imputées au Hamas, avaient eu lieu début 2011. Mohamed Morsi est soupçonné d’y avoir pris part.
En outre, pendant la confusion qui régnait au Caire lors de la Révolution en février 2011, Mohamed Morsi avait été emprisonné. Il s’était évadé, comme une trentaine d’autres membres des Frères Musulmans.
Le Hamas, mouvement palestinien issu des Frères Musulmans, est accusé d’avoir organisé ces évasions, tandis que Mohamed Morsi soutient lui que ce sont des habitants qui leur avaient ouvert les portes de la prison.
Déjà le 23 juin, un tribunal avait estimé que le Hamas et le Hezbollah étaient impliqués dans ces évasions, malgré les dénégations de l’ancien président. La décision prise aujourd’hui ne sera sûrement pas de nature à ramener le calme en Egypte, où le spectre de la guerre civile plane toujours.
Situation explosive
Selon des propos d’un porte-parole des Frères Musulmans, rapportés par l’AFP, ces accusations sont le signe d’une “vengeance de l’ancien régime.” Depuis plusieurs jours, la tension entre le Hamas et les autorités égyptiennes ne cessent de croître.
Le Hamas est accusé d'ingérences dans les affaires du pays et d’être impliqué dans les manifestations de soutien à Morsi. Cet après-midi, de nouvelles manifestations à la fois pro et anti-Morsi se tiennent au Caire et ailleurs en Egypte.
Un face-à-face tendu a déjà lieu en ce moment même. Le chef de l’armée, Abdel Fattah Al-Sissi, a appelé mercredi "tous les Egyptiens honnêtes à descendre dans la rue vendredi pour me donner mandat pour en finir avec la violence et le terrorisme".
L’armée a également a fixé un ultimatum jusqu’à samedi aux Frères Musulmans. Il leur est demandé de rejoindre le processus de réconciliation politique, qu’ils rejettent jusqu’à présent.
Les Frères Musulmans ont appelé quant à eux "manifester pour la liberté et la légalité contre le coup d'Etat militaire sanglant". Un de leurs responsables a estimé que les propos de Sissi étaient “un appel à la guerre civile.”
Plus que jamais la situation demeure explosive dans le pays, au cœur de cette deuxième Révolution égyptienne, dont les secousses se font sentir dans l’ensemble du monde arabe.