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Feu de paille

Beaucoup de bruit pour presque rien. Galvanisée par une couverture médiatique sans précédent, dopée par la surenchère de la majorité présidentielle autour des thèmes particulièrement sensibles de l’identité, de la laïcité, de la sécurité, de l’immigration, l’extrême droite française a fait coulé beaucoup d’encre ces derniers temps, déclenché des cascades de commentaires annonçant une percée plus que spectaculaire aux élections cantonales, une entrée en force des élus Front National dans les Conseils généraux, et un positionnement historique de sa présidente, Marine Le Pen, pour les présidentielles.

Au final, un flop tout simplement. Exemple: bien que présent sur 25 des 29 cantons renouvelables dans les Bouches-du-Rhône, dont 11 à Marseille, supposée être un territoire conquis, le FN n’a emporté aucun duel dans le département. Au total, sur toute la France, il emporte deux cantons seulement, dont un dans le Var, avec cinq voix d’avance sur le candidat communiste. Par ailleurs, donné gagnant avant l’heure, le secrétaire général du FN boit la tasse dans le Pas-de-Calais, tout autant que le compagnon de la présidente en Pyrénées-orientales.

Le parti de la fille Le Pen a certes sensiblement progressé par rapport aux précédentes élections de 2004, enregistrant des poussées entre les deux tours dans certaines régions. Mais force est de reconnaître qu’il a été aidé en cela par la forte abstention et le désenchantement d’une fraction de l’électorat de droite qui s’est volontiers portée sur ses candidats pour exprimer un message d’avertissement.

Un signal sans doute directement adressé à Nicolas Sarkozy comme le confirment d’ailleurs les sondages qui placent régulièrement le président derrière Marine Le Pen au premier tour des élections présidentielles de 2012.

Tout compte fait, plutôt qu’une implantation à la faveur d’un « vote d’adhésion » comme se plait à le répéter la patronne du FN, ce dernier se nourrit surtout du sentiment d’injustice que partagent les Français et de la désaffection de ceux-ci à l’égard de la politique de façon générale. Malgré ce, l’électorat populaire ne s’est quand même pas empressé de voter FN. Dans ces quartiers là, on s’est tenu soigneusement à l’écart de cette dernière bataille électorale avant l’élection présidentielle. Laissant l’extrême droite s’extasier devant un feu de paille.