Algérie : Louisa Hanoune (PT) ambitionne de «changer le régime» et de «construire l’Etat démocratique»
Par N.TPublié le
Secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT) Louisa Hanoune entre dans la course pour les présidentielles qui se tiendront le 17 avril prochain. Sa candidature a été approuvée sans surprise à l’unanimité par les militants rassemblés à Alger. Probablement seule femme en lice, la candidate se distingue par un discours progressiste, se fixant des objectifs politiques.
Près de vingt années après l’initiative du Contrat de Rome qui appelait à la réconciliation avec le Front Islamique du Salut (FIS), dont elle était partie prenante avec d’autres formations (FLN, FFS, MDA, MSP…), celle qui n’a jamais cessé d’exprimer par ailleurs son soutien à Abdelaziz Bouteflika, fait cette fois une entrée remarquée dans la course pour les présidentielles.
A l’inverse des autres candidats déclarés, les Benflis et Benbitour (anciens chefs du gouvernement) Khadra et autre Benouari qui usent abondement de langue de bois, enfoncent des portes ouvertes et servent des banalités en guise de programme, Louisa Hanoune est la seule à tenir un discours politique, à proposer les contours d’une rupture avec le système actuel.
Parmi les objectifs fixés figurent l’essentiel des revendications du camp démocratique en Algérie : la séparation du religieux et du politique; la levée des entraves aux libertés de manifester, syndicale et associative; l’abrogation du code de la famille, l’officialisation de tamazight comme deuxième langue nationale, l’abolition de la peine de mort ; l’indépendance de la justice ; l’équilibre régional ; la révision du système éducatif et de la politique de santé…
« Il est temps de construire la deuxième république et l’État démocratique », car « on a besoin d'un nouveau cadre institutionnel. Pour lutter contre la corruption, il faut changer de régime » a déclaré Mme Hanoune devant un salle comble.
La secrétaire générale du PT souhaite que le scrutin soit « transparent et libre » et en appelle à la « criminalisation » de ceux qui « achètent les consciences et les voix avec l’argent sale ». Un chapitre sur lequel elle a sans doute peu de chances d’être entendue, sauf miracle. L’agitation du « clan présidentiel » autour de la candidature quasiment annoncée de Bouteflika en dit malheureusement long sur les magouilles en cours pour imposer la « continuité » du système.