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France : la bérézina aux cantonales sème la panique dans la majorité présidentielle

Rien ne va plus dans le camp de la majorité présidentielle au lendemain de la sévère défaite aux cantonales (20,16%). Des voix discordantes se font entendre, qui contestent le bien-fondé de la stratégie électorale voulue et orchestrée par Nicolas Sarkozy visant à chasser sur les terres du Front National.

Au centre de la polémique qui éclate au grand jour, le débat sur la laïcité prévu le 5 avril à l’UMP. D’aucuns contestent clairement sa pertinence, estimant que c’est finalement une sorte «d’usine à gaz» qui pourrait bien faire l’affaire de l’extrême droite, lui donner du grain à moudre, alors même que les sondages successifs indiquent invariablement que Nicolas Sarkozy sera hors course dès le premier tour des présidentielles de 2012.

Il faut «certainement mettre un terme à tous ces débats qui donnent l'impression de stigmatiser», a déclaré lundi 28 mars à la matinale de France Info, François Baroin, porte-parole du gouvernement, à propos du débat sur la laïcité et l’islam. Le ministre du Budget a même recommandé à l’UMP de revenir à des valeurs «profondément républicaines» pour freiner une dérive excessive à droite.

La torpille Borloo

Des propos qui ne pouvaient évidement pas laisser l’Elysée indifférent . «Si le parti ne discutait pas, ne débattait pas, à quoi servirait-il ? Quel est son rôle ? Débattre, proposer, soutenir. Le gouvernement, lui, doit agir», aurait martelé Nicolas Sarlozy lundi matin, lors d’une rencontre avec l’état major de l’UMP.

Plus dangereux pour la cohésion de la majorité : la torpille préparée par Jean-Louis Borlo. L’ancien ministre de l’Ecologie ambitionne ouvertement de faire cavalier seul à la tête des centristes et radicaux vers les présidentielles de 2012. Les résultats lamentables de l’UMP aux cantonales l’encourageraient dans ce sens. Ses proches ont immédiatement évoqué la nécessité de «constituer une force politique nouvelle».

Borloo s’est attiré à son tour les foudres du chef de l’Etat. «Ceux qui mettent en cause la famille politique sont ceux qui ne se battent pas pour elle, et ceux qui voudraient mettre en cause l'unité de notre famille ne le feront pas avec notre complicité», a grogné Nicolas Sarkozy lundi.

La cacophonie autour des consignes de vote dans l’entre deux tours des cantonales, marquées par l’appel de François Fillon à ne pas voter FN à l’inverse du « ni-ni » prôné par l’UMP et soutenu par Sarkozy, avait déjà commencé à fissurer le camp de la majorité.

La bérézina aux cantonales aggrave visiblement la fracture et met surtout à mal l’autorité de Nicolas Sarkozy. L’idée qu’il n’est peut-être plus vraiment le « candidat naturel » de son camp ferait son chemin. En embuscade, Fillon et Juppé attendraient désormais le moment opportun pour le pousser vers la sortie.