Abominable ! Les bombardements d’un camp de déplacés à Rafaf confirment le génocide. L’opinion internationale en mesure encore une fois l’horreur
Par Nadjib TOUAIBIAPublié le
Comme nous l’écrivions ici il y a quelques semaines, Israël avait bel et bien l'intention d’exterminer les survivants palestiniens contraints à se regrouper dans des zones présentées comme sûres.
Netanyahu est passé à l’acte et ses déclarations de regret et de promesse d’enquête ne tromperont pas l’opinion indignée, horrifiée, à travers le monde, tout comme les commentaires complaisants, malhonnêtes et médiocres des journalistes français sur les plateaux de TV, désormais occupés à chercher des justifications aux crimes les plus épouvantables de ce siècle.
Les images du bombardement, dimanche 26 mai, du camp de déplacés de Barkasat, à l’ouest de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, sont insoutenables. Cette horreur a fait au moins 45 morts et 249 blessés. La nuit, les victimes s’entassaient, les tentes brûlaient, et un homme portait le corps d’un enfant dont la tête était arrachée. La diffusion de ces vidéos a provoqué un choc dans l’opinion internationale.
Plus de 10.000 personnes manifestent à Paris
En France, notamment à Paris, 10 000 personnes ont défilé pour dénoncer ce massacre, non loin de l’ambassade israélienne. Les condamnations se sont multipliées, mais pour l’instant aucune sanction concrète n'a été mise en œuvre contre le gouvernement de Netanyahu.
« Gaza, Rafah, Paris est avec toi », « On ne tue pas un enfant, qu’il soit juif ou palestinien », « Stop aux bombardements, free Palestine », « Cessez le feu », « Israël assassin », « Nous sommes tous des enfants de Gaza » étaient les slogans visibles sur les pancartes et scandés par la foule arborant keffiehs et drapeaux palestiniens.
« La continuation de ce génocide en cours, le massacre à Rafah, la préparation de l’occupation israélienne dans la bande de Gaza, ont une seule réponse : la fermeture de l’ambassade d’Israël à Paris », a déclaré Salah Hamouri, avocat franco-palestinien, au micro du journal l’Humanité.
« Aujourd’hui, il faut délégitimer l’occupant israélien, il faut dire d’une seule voix : on est là pour la libération de la Palestine et en soutien au peuple palestinien », ajoute celui qui a été emprisonné en Israël avant d'être expulsé de Jérusalem, sa ville natale.
« On est là pour protester contre le génocide du peuple palestinien mené par Israël, avec le soutien et la complicité de l'état français », explique Sasha Anxiety, militante «Du Pain et des Roses » et participante au rassemblement.
« On ne demande pas seulement un cessez-le-feu, on demande la libération de la Palestine, l’arrêt du soutien diplomatique, économique et politique des États impérialistes, comme les États-Unis ou le Royaume-Uni », poursuit l’activiste pour les droits humains.
Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a regretté « un accident tragique ». L'armée israélienne a déclaré enquêter sur les morts civiles après avoir initialement affirmé utiliser des « munitions précises » pour cibler deux hauts responsables du Hamas.
Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit à la demande de l’Algérie
Washington a exhorté du bout des lèvres son allié israélien à « prendre toutes les précautions pour protéger les civils ». Le Canada s'est dit « horrifié » et le président français Emmanuel Macron « indigné ».
« Je condamne les actions d’Israël qui ont tué de nombreux civils innocents qui cherchaient seulement à se protéger de ce conflit meurtrier. Il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza. Ces horreurs doivent cesser », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
« Dire qu’il s’agit d’une "erreur" ne signifie rien pour ceux qui ont été tués, ceux qui sont en deuil et ceux qui tentent de sauver des vies », a renchéri Martin Griffiths, chef des opérations humanitaires de l’ONU.
Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit en urgence aujourd'hui dans l’après-midi. Cette réunion à huis clos a été demandée par l’Algérie, membre non permanent du Conseil. L’ONU a également demandé une enquête « complète et transparente » sur le bombardement de Rafah.
La région belge de Wallonie interdit le transit d’armes vers Israël
Ce mardi 28 mai, l’Irlande, avec l’Espagne et la Norvège, a officiellement reconnu l'État de Palestine. Matt Carthy, parlementaire du Sinn Féin, a qualifié ce geste politique de fort dans l’Humanité.
Désormais, 146 États membres de l’ONU reconnaissent l'État de Palestine, ce qui, bien qu’étant une avancée symbolique, change progressivement le rapport de force international.
La région belge de Wallonie a décidé d'interdire le transit d’armes vers Israël, a annoncé lundi 27 mai le cabinet du ministre-président Elio di Rupo après que les révélations de la presse belge au sujet de la compagnie israélienne Challenge qui faisait transiter du matériel militaire via l’aéroport de Liège.
La Chine a également réagi le mardi à ce bombardement meurtrier par l’armée israélienne à Rafah. « La Chine fait part de sa vive inquiétude face aux opérations militaires israéliennes en cours contre Rafah », a déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, lors d’un point presse régulier.
Avec l'annonce de l’Espagne, l'Irlande et la Norvège, 146 des 193 pays membres de l’ONU reconnaissent désormais officiellement l'État de Palestine. Peut-être, sur les décombres de Gaza, le compte à rebours va-t-il commencer pour mettre fin à l’impunité d’Israël et juger ses dirigeants criminels ?