Gaza sous les eaux : 90% des tentes de réfugiés submergées par les pluies torrentielles
La bande de Gaza affronte une nouvelle catastrophe humanitaire majeure. Après le passage dévastateur de la tempête Byron mi-décembre, 90% des centres d'hébergement et des tentes abritant les Palestiniens déplacés ont été submergés par les eaux torrentielles, selon la Défense civile locale. Plus d'une douzaine de personnes ont péri dans ces intempéries, dont deux nourrissons morts d'hypothermie dans les bras de leurs parents impuissants. Amnesty International qualifie cette tragédie de « totalement évitable », pointant du doigt la responsabilité du blocus israélien qui empêche l'acheminement de matériel d'urgence et de secours.
Les images en provenance de l'enclave palestinienne sont apocalyptiques et bouleversent les observateurs internationaux. Des familles entières pataugent dans des eaux boueuses et glaciales, tentant désespérément de sauver leurs maigres possessions de la montée inexorable des flots. Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur Gaza les 11 et 12 décembre ont transformé les camps de fortune en véritables marécages insalubres, rendant impossible toute vie normale pour les centaines de milliers de déplacés qui y survivent depuis des mois dans des conditions inhumaines. Les zones côtières, où se concentre la majorité des 750 sites de réfugiés recensés, sont les plus durement touchées par cette catastrophe climatique.
Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile dans la bande de Gaza, a confirmé l'ampleur considérable des dégâts lors d'un point presse tenu dans des conditions précaires : les intempéries ont provoqué l'inondation d'environ 27 000 tentes, tandis que plus de 53 000 abris au total ont été partiellement ou totalement détruits par les vents violents et les précipitations continues. Ces chiffres alarmants ne reflètent qu'une partie de la catastrophe réelle, de nombreuses zones restant totalement inaccessibles aux équipes de secours déjà débordées en raison des destructions massives causées par les bombardements des mois précédents.
850 000 Palestiniens condamnés à passer l'hiver sous des bâches
Selon les dernières estimations des Nations unies, 850 000 Palestiniens de Gaza – soit près de la moitié de la population totale de l'enclave – vont passer l'hiver 2025 sous des tentes de fortune ou dans les décombres instables d'immeubles bombardés. Ces abris précaires, constitués de simples bâches en plastique tendues sur des structures de bois ou de métal récupéré dans les ruines, n'offrent aucune protection efficace contre le froid mordant et l'humidité hivernale méditerranéenne. Le bureau de presse de l'UNRWA, l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, estime que la bande de Gaza aurait besoin d'environ 300 000 tentes et logements préfabriqués pour répondre aux besoins les plus élémentaires en matière d'abris.
Les témoignages recueillis sur place par les rares journalistes locaux décrivent une situation humaine absolument désespérée. Kawkab Ansar, originaire du nord de la ville de Gaza et désormais déplacée dans l'ouest de l'enclave après avoir fui les combats, vit avec son mari et ses sept enfants dans une tente complètement délabrée par les intempéries successives de cet hiver. « Tout ce qu'il y a sous mes enfants est rempli d'eau », témoigne-t-elle, épuisée et les larmes aux yeux. « Ma plus jeune fille a un an à peine, elle n'a même pas de vêtements de rechange pour se changer après avoir été trempée. » Ce récit poignant se répète à l'identique dans des milliers de foyers à travers toute la bande côtière palestinienne.
Pour Amnesty International, les images dévastatrices de tentes inondées et d'immeubles effondrés sur leurs occupants « ne peuvent être imputées uniquement aux intempéries naturelles ». L'organisation internationale de défense des droits humains a publié le 17 décembre un communiqué cinglant dénonçant une « tragédie totalement évitable », résultat direct du blocus hermétique imposé par Israël depuis 2007 et considérablement renforcé depuis le début du conflit actuel en octobre 2023. Ce blocus empêche systématiquement l'entrée de matériaux de construction, de systèmes de chauffage et d'équipements d'urgence qui permettraient aux Gazaouis de mieux se protéger contre les éléments déchaînés.
La crise humanitaire à Gaza se déroule largement à l'abri des regards du monde, les journalistes internationaux étant interdits d'accès à l'enclave par les autorités israéliennes. Seuls les correspondants locaux, eux-mêmes déplacés et précarisés par le conflit, peuvent documenter au péril de leur vie les conditions inhumaines de survie de la population civile. Pendant ce temps, les discussions internationales sur l'avenir du territoire se poursuivent dans les capitales mondiales, certains responsables politiques évoquant même un possible transfert forcé de population vers d'autres régions. Pour les 2,3 millions d'habitants de Gaza, l'hiver 2025 s'annonce comme l'un des plus terribles de leur histoire tourmentée.