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Culture: Festival international du Graffiti à Dakar, capitale des graffeurs africains

Organisé depuis deux ans à Dakar, le Festgraff, festival international de graffiti, est une des plus grandes rencontres de graffeurs africains.


Du 14 au 25, à travers conférences, expositions et projections de films, une cinquantaine de graffeurs venus d'Afrique et du monde ont expliqué au public dakarois l'apport du graffiti dans le développement social en Afrique.

Un peu mal vu à ses débuts, le graffiti est devenu partie intégrante des paysages urbains en Afrique. A Dakar comme dans beaucoup de capitales africaines, les fresques murales (dessins et coloris vifs sur fond de messages sur les murs) font partie du décor. 

Sous l'oeil attentif de leur maître Docta, l'initiateur de Festigraff, une vingtaine de jeunes, armées de bombes, de crayons ou de pinceau, s'activent sur un pan du mur. Au bout de quelques heures, les contours du visage de Nelson Mandela apparaissent, sur fond d'écriture en gros caractères annonçant le thème du Festival : "Xam Xam mooy alal" (le savoir c'est la richesse) . 

Docta explique le sens de ce graffiti : "Chacun doit connaître et accomplir ses devoirs avant de réclamer ses droits. Voilà ce que nous avons essayé de représenter sur ce mur".

Seynabou, la vingtaine, est une des rares filles sénégalaises qui pratiquent cet art. "Je faisais de l'art plastique et c'est à travers le Net que j'ai découvert le graffiti. Depuis, j'ai opté pour le graff qui est un art libre".

Zenixx, de son nom d'artiste, a eu du mal à être comprise par son entourage: "Au début, ma mère renversait mes pots de peintures. Elle ne pouvait pas comprendre mon choix en tant que fille. Mais avec le temps nous avons été compris. On s'est battu pour positiver le graffiti: on a ciblé les endroits sales, qui étaient transformés en urinoirs et on les a rendus à nouveau fréquentables", explique-t-elle.

Selon le graffeur sénégalais Docta, il y a une spécificité au graffiti africain: "Le graffeur africain est très social et très engagé par rapport à ce qui touche la population africaine voire mondiale. Nous parlons de ce qui touche réellement la population. Nos messages sont des messages de sensibilisation des populations, des dirigeants afin qu'ils s'engagent davantage pour le développement du continent."

Pour le sociologue Abdoulaye Niang, les fresques murales agissent comme un outil de promotion, mais "quand elles vont au- delà de la représentation humaine, elle cherche à sensibiliser les populations sur la citoyenneté, le respect des droits humains, comme c'est le cas avec les textes de rap".

Le graffiti est né au début du 20e siècle au Mexique (Amérique du sud), et constitue un sous-ensemble du mouvement hip hop souvent perçu comme marginal ou grossier dans la société.

Et d'après le sociolinguiste, Dramé Minga, le graffiti n'est pas  seulement un art, "c'est aussi un mouvement universel" et  un outil d'embellissement qui donne à la ville "un visage plus humain ".

Le graffiti est un moyen d'expression de plus en plus utilisé par les jeunes.  Les spécialistes expliquent ce phénomène par la gratuité de cet art.

"Au-delà des techniques, le support est gratuit, visible et en plus accessible à un large public. Ce qui renforce l'impact du message" estime Dramé Minga.