CDHR 2025 : ce nouvel impôt qui garantit une taxation minimale de 20% pour les plus riches
Nouveauté majeure de la loi de finances 2025, la Contribution Différentielle sur les Hauts Revenus (CDHR) entre officiellement en vigueur ce mois de décembre. Ce dispositif fiscal inédit vise à garantir une imposition minimale de 20% pour les foyers les plus aisés de France, mettant fin à certaines optimisations fiscales sophistiquées qui permettaient jusqu'ici aux contribuables fortunés de réduire considérablement leur taux effectif d'imposition bien en dessous de ce seuil. Un acompte de 95% du montant estimé devait être réglé entre le 1er et le 15 décembre dernier.
Cette nouvelle contribution cible spécifiquement les foyers fiscaux dont les revenus dépassent 250 000 euros annuels pour une personne seule, ou 500 000 euros pour un couple marié ou pacsé. Ces contribuables, déjà soumis à la Contribution Exceptionnelle sur les Hauts Revenus (CEHR) instaurée en 2012 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, devront désormais s'acquitter d'un complément d'imposition si leur taux global d'imposition s'avère inférieur au seuil symbolique de 20%. L'objectif clairement affiché par le gouvernement Bayrou est d'assurer une meilleure justice fiscale en limitant drastiquement les effets de certains dispositifs d'optimisation parfaitement légaux mais socialement contestés et perçus comme inéquitables par une large partie de la population.
Concrètement, le mécanisme innovant fonctionne comme un filet de sécurité fiscal automatique. L'administration fiscale calcule le taux effectif d'imposition du contribuable en prenant en compte l'ensemble des impôts acquittés au titre de l'année : impôt sur le revenu progressif, prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine, CEHR existante, et désormais cette nouvelle CDHR. Si ce taux global consolidé reste inférieur à 20% des revenus déclarés, le contribuable devra s'acquitter de la différence jusqu'à atteindre ce plancher. Cette mesure vise notamment les contribuables dont les revenus proviennent majoritairement de plus-values mobilières ou immobilières, de dividendes ou d'autres revenus du capital, traditionnellement moins taxés que les revenus salariaux du travail.
Un acompte de 95% à régler en décembre
Les contribuables concernés par cette nouvelle contribution ont dû s'acquitter d'un acompte conséquent représentant 95% du montant estimé de leur CDHR entre le 1er et le 15 décembre 2025. Le solde éventuel sera régularisé lors de la déclaration annuelle des revenus au printemps 2026, avec possibilité de remboursement si l'acompte s'avérait supérieur à la contribution réellement due. Cette obligation déclarative anticipée en fin d'année constitue une nouveauté procédurale significative dans le paysage fiscal français, habituellement organisé autour de la déclaration printanière et du paiement échelonné à l'automne suivant.
Le ministère de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle estime que cette mesure devrait concerner quelques dizaines de milliers de foyers fiscaux parmi les plus fortunés du pays, générant des recettes supplémentaires évaluées à plusieurs centaines de millions d'euros pour les caisses de l'État. Dans un contexte budgétaire particulièrement tendu, marqué par un déficit public préoccupant dépassant les 5% du PIB et des objectifs contraignants de réduction imposés par les traités européens et les recommandations de Bruxelles, cette contribution exceptionnelle s'inscrit dans un effort plus large de rééquilibrage urgent des finances publiques françaises.
La question récurrente de l'exil fiscal revient naturellement au cœur du débat public. Les opposants à cette mesure, notamment parmi les élus de droite et les représentants du patronat, craignent qu'elle n'incite les contribuables les plus mobiles et les plus fortunés à délocaliser leur résidence fiscale vers des juridictions plus clémentes comme la Suisse, le Luxembourg ou le Portugal. Le gouvernement se veut toutefois rassurant sur ce point, rappelant que la France dispose de conventions fiscales bilatérales avec la plupart des pays développés et que les règles strictes de résidence fiscale rendent techniquement difficile une expatriation de pure convenance fiscale.
Cette CDHR s'applique uniquement aux revenus de l'année fiscale 2025, sa pérennisation au-delà n'étant pas encore officiellement décidée par l'exécutif. Le gouvernement a présenté cette mesure comme « temporaire et exceptionnelle », destinée à répondre à l'urgence budgétaire immédiate. Toutefois, l'histoire fiscale française démontre que les impôts présentés comme provisoires ont souvent tendance à s'installer durablement dans le paysage. Les contribuables concernés devront donc suivre attentivement les débats parlementaires du projet de loi de finances 2026 pour savoir si cette contribution a vocation à perdurer. En parallèle, d'autres mesures fiscales touchent également les seniors, comme la fin de l'avantage fiscal sur le PER après 70 ans prévue pour 2026.