Le "Boucher de Balkans" Radovan Karadzic condamné à 40 ans de prison
Par racPublié le
Après un procès fleuve qui aura duré cinq ans, le Monténégrin Radovan Karadzic, premier président de la République Serbe de Bosnie-Herzégovine, vient d’être condamné à quatre décennies d’emprisonnement par le Tribunal pénal international de la Haye et reconnu coupable de dix des onze chefs d'accusation. Responsable du génocide à Srebrenica en juillet 1995, il a été libéré de l'accusation du génocide à Bratunac, Prijedor, Vlasenica et encore sept villes dont les habitants avaient subi des sévices et des massacres d'une cruauté exceptionnelle.
Le général britannique Michael Rose qualifiait Radovan Karadzic de "menteur invétéré, intrinsèquement paranoïaque" tandis que le diplomate américain Hollbrooke le considérait comme "l’un des pires hommes du monde".Arrêté au Nouveau Belgrade en juillet 2008, après 13 ans de clandestinité passée sous la fausse identité de Dr.Dragan Dabic, le diabolique psychiatre avait enfin été présenté devant la justice internationale, lui à qui son pays d'adoption avait permis une spécialisation à l'Université de Columbia et un travail au très célèbre hôpital sarajevien de Kosevo.
Né en 1945 à Petnjica, un village perdu des montagnes monténégrines, Radovan Karadzic a grandi en l’absence du père condamné à une longue peine de prison comme membre du mouvement Tchetnik, dont le leader Draza Mihajlovic fut exécuté par le pouvoir du Maréchal Tito comme chef des groupuscules fascistes. Il a entre autre collaboré à la terrible "Division du Prince Eugène"durant la Deuxième guerre mondiale. Parti à Sarajevo, Karadzic a épousé Ljiljana Zelen, sa collègue de la Faculté de Médecine. Ce poète autoproclamé avait obtenu le titre de "poète fou" auprès de ses amis :
« - Je suis né pour vivre sans tombeau, ce corps humain ne mourra jamais, il n'a pas été créé seulement pour sentir les fleurs mais aussi pour incendier, tuer et tout réduire en poussière0"
La république Serbe, "nettoyée" des autres peuples
Il était habité par une vision, pour le moins horrible, de Sarajevo « brûlant comme de l'encens avec notre conscience s'envolant en fumée ». En 1992, il met en excution son sinistre projet de détruire cette ville multiethnique, avec la complicité active d'un ambitieux officier de Bozanovici, plus connu comme le général Ratko Mladic, un personnage brutal, cruel et sadique. Ils fomentent ensemble le plan de la « Grande Serbie » dont le machiavélique dessein est la déportation de tous les Bosniaques du pays, qu'ils qualifient de "Turcs" pour leur religion musulmane. Soutenus par l'ancien apparatchik Slobodan Milosevic, ils mettent alors leur sinistre projet à exécution et chassent les Bosniaques et les Croates de leurs maisons. Bilan d’un conflit armé qui a duré près de quatre ans : près de 60 mille femmes violées et plus de 200 000 citoyens tués.
Considéré comme le plus important après celui de Nuremberg, le procès de Karadzic n'a cependant pas apaisé la situation, toujours tendue en Bosnie Herzégovine. Les Bosniaques, qui comptent le plus grand nombre de victimes, ne comprennent pas pourquoi le "bourreau des Balkans" n'a pas été condamné à la perpétuité, car c’est le pays tout entier qui a subi le génocide. De leur côté, les orthodoxes de la république serbe, entité "nettoyée" des autres peuples et communautés, ne reconnaissent même pas les décisions de la justice occidentale. Ils ont récemment ouvert une université à Pale, une ancienne station sportive, devenue la capitale de la république serbe et l'ont baptisée "Radovan Karadzic". Leur président Milorad Dodik brigue l’autonomie et menace d'organiser un référendum qui entravera le fonctionnement normal de ce pays déjà si fragile. Les Croates rêvent une entité propre et les Bosniaques souhaitent la révision des Accords de Dayton signés à Paris à la fin de 1995.
Aujourd’hui, la fille de Radovan Karadzic Sonia Karadzic Jovicevic est vice-présidente du parlement de l'entité serbe et elle siège à l'Assemblée nationale de Bosnie-Herzégovine. Des conseilleurs de Karadzic, qui s'est défendu seul, ont déjà fait appel. Un autre procès aura lieu dans trois ans.