"La Trilogie des Balkans " de Chris Marker
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Chris Marker, réalisateur voyageur, a marqué les esprits avec ses nombreuses descriptions très particulières des bouleversements historiques du siècle dernier.
Témoin volontaire et actif des conflits entre Slaves du sud de la dernière décennie du 20ème siècle, il fut engagé personnellement auprès des réfugiés bosniaques et d'un chirurgien proche de l'Armé de libération kosovare et sut faire resurgir de douloureux et désespérants souvenirs du jeune "gardien de la paix" inexistante, en mission bosnienne.
La guerre d'extermination
La chaîne franco-allemande Arte réunit actuellement trois de ses films en DVD et fait découvrir au public occidental l'attitude peu recommandable des grandes puissances, durant la guerre en ex Yougoslavie. Ces films ne représentent pas uniquement des témoignages, mais expliquent aussi le rôle et l'impact de l'image des conflits armés.
Réalisés en 1993 d'abord au camp slovène de Roska qui a accueilli des réfugiés bosniaques, puis en France où François Crémieux évoque son séjour de six mois dans la poche de Bihac et enfin au Kosovo, auprès d'un chirurgien, devenu adepte de UCK, l'armée de libération, et enfin maire de Mitrovica, ville qui sépare les Albanais du dernier bastion serbe de la région.
Ces films sont une terrible critique du système d'information. Ils montrent comment la "communauté internationale" a manqué son engagement auprès des populations les plus démunies, enrôlées malgré elles dans une guerre d'extermination, planifiée en détail depuis longtemps.
Dans la lettre écrite en 1999 et destinée à Crémieux, aujourd'hui fonctionnaire d'Etat, Marker a souligné que cette guerre est un condensé de tous les échecs, de tous les mensonges et tous les pièges auxquels sa génération a eu à faire. Le cinéaste n'a pas voulu ajouter une caméra de plus, dans le ballet des caméras internationales."
Critique du maintien de la paix
Ces documentaires de 26 et 27 minutes présentent un questionnaire précis tendant à renverser l'opinion stéréotypée. Le film titré "20 heures dans le camp" dévoile les dessous d'une télévision locale qui chaque jour présente le journal. Les réfugiés dépourvus de tout, s'emparent des moyens disponibles pour guider leur propre production grâce au matériel offert par le cinéaste et en utilisant son savoir faire. Avec l'expérience du militant des années 70, Marker les aident à s'approprier leur propre image et comprendre le fait négatif de propagande mal intentionnée que les média véhiculent à leur propos.
L'attractivité et la force du documentaire intitulé "Casque Bleu" vient de l'intelligence du protagoniste qui n'arrive pas à masquer sa rage et sa grande colère envers tout responsable. Par son récit le jeune homme en poste à Bihac durant l'année 1994 où il a entendu parler de cas de cannibalisme, exprime une critique pointue du maintien de la paix, selon lui : raciste, pervers et mensonger, qui sert qu'à lui même.
Le documentaire intitulé "Un maire au Kosovo" qui aujourdh'ui date un peu n'en est pas moins un témoignage remarquable de l'époque. En distinguant un chirurgien, devenu héros, humaniste et grâce à tout cela puissant, Chris Marker donne la voix aux Kosovars considérés comme victimes. Pourtant, moins d'une décennie après ce peuple a acquiert son indépendance.