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Edito : en Egypte, le Rais a joué sa dernière carte, ses jours au pouvoir sont comptés

Le vent de la révolte souffle toujours et encore dans les rues du Caire, d’Ismaïlia, d’Alexandrie, de Suez… « La journée de la colère » se prolonge, prenant de court nombre d’experts et autres spécialistes qui défilent devant les micros des radios et sur les plateaux de TV pour servir des banalités et des certitudes.

« L’Egypte n’est pas la Tunisie, le pays compte 80 millions d’habitants, les pauvres ne sont pas dans la rue, Moubarak est l’incarnation de l’armée, celle-ci ne le lâchera pas… ». Voilà ce que répète, à quelques exceptions près, la grande majorité des «observateurs» avisés qui meublent le temps entre les diffusions de reportages de journalistes sur le terrain, dont les informations, toutes fraîches, dégonflent systématiquement toutes ces certitudes, rendent ces grilles de lecture inopérantes. Car en croire ce beau monde, ce défilé "d'experts", le peuple va s’empresser de battre en retraite devant l’apparition des chars, en oubliant vite ses rêves de liberté. L'Égypte n'est pas la Tunisie, comment ne l'a-t-on pas encore compris!

Le fait est que les heurts se multiplient entre la police et les manifestants, sous les yeux de l’armée qui attend les ordres. Les cadavres s’accumulent, vingt morts pour la seule ville d’Alexandrie et une trentaine d’autres au Caire, selon El Jazira, pendant que Moubarak bricole à la hâte un nouveau gouvernement, supposé apporter un souffle nouveau de démocratie et justice.

En réalité, le Rais pourrait bien avoir déjà perdu cette première partie de bras de fer contre un peuple qui exige avec force son départ immédiat. Quoique disent les «spécialistes», Moubarak joue sa dernière carte au plan politique. La suite des évènements est indiscutablement entre les mains de l’armée, et en dernier recours des américains pour qui la stabilité de l’Egypte est un facteur hautement stratégique dans la région.

Le peuple est en train de forcer la porte de la transition. Et l’armée congédiera son chef suprême lorsque Washington donnera son feu vert. Le Rais a joué sa dernière carte, ses jours sont comptés.