Tribune libre : « Je pense à toi Patrice Canayer », par Jérôme Carrière
Par nicolas éthèvePublié le
Ancien journaliste et toujours localier dans l'âme, Jérôme Carrière est l'auteur d'un texte vibrant sobrement intitulé « Je pense à toi Patrice Canayer ».
Dans l'adversité médiatique que traverse le MAHB, c'est un puissant hommage à l'oeuvre triomphante accomplie depuis plusieurs années par cet entraîneur arrivé en 1994 au club montpelliérain de handball.
Depuis toutes ses saisons, Patrice Canayer porte aux nues ses joueurs, avec autant d'abnégation que de réussite, ce qui a permis au club de pouvoir afficher aujourd'hui ce palmarès impressionnant de 36 titres, dont celui de la Ligue des Champions.
Dans son écrit, Jérôme Carrière enjoint l'entraîneur du MAHB à arracher la victoire face à Paris, ce dimanche, à partir de 15h. Avec ces mots tout simples : « Une ribambelle de scribouillards de salon ne se gêneront pas si ce dimanche nous ne gagnons pas à Paris. Patrice Canayer, une fois encore, on compte sur toi. »
Médiaterranée Languedoc-Roussillon publie ici cette tribune libre, in extenso...
« Je pense à toi Patrice Canayer »
« Il a fallu que cela tombe sur lui. L’entraîneur modèle. Celui par qui tant de titres sont tombés dans notre escarcelle. Cet homme humble et disponible, travailleur acharné, au sourire attachant, jamais surexposé, tout en maîtrise, élégant en homme. Élégant en somme. Avec sa tête d’éternel adolescent respectable. Oui, je pense beaucoup ces derniers jours à Patrice Canayer. Parce que j’imagine les tourments intérieurs qui sont les siens. Écartelé qu’il doit être entre la nécessité de préserver son groupe et le club tout en ayant envie de filer des beignes à certains, de vouloir rester à tout prix sur le registre du sportif et de ne pas glisser davantage vers le fait-divers au risque d’implosion.
Je me dis qu’il est un peu comme le vigneron qui, pendant des années, a bichonné ses parcelles pour espérer belles récoltes et belles cuvées. Il les a d’ailleurs bues mais il a encore soif. Un vigneron qui, tout d’un coup, essuie un orage de grêle qui détruit le raisin alors que la vendange allait commencer. Sauf qu’il s’agit là d’une catastrophe naturelle. Et ce que l’on reproche aujourd’hui à certains cadres du MAHB, avant même qu’ils aient pu en répondre, c’est de la bêtise humaine. Peut-être fera-t-elle autant de dégâts que la grêle. Elle mettra surtout du plomb dans les têtes.
Patrice Canayer n’est pas qu’un éleveur de champions. C’est un manager brillant capable d’intellectualiser le sport et de le magnifier jusque devant des cénacles qui n’ont rien à voir avec son auditoire habituel. Il a souvent animé des séminaires face à des chefs d’entreprise ou des salariés lambda et leur a insufflé son énergie de la gagne, a dressé le chemin pour y parvenir, la méthode précise à appliquer. Il n’a pas de remède miracle mais avec un travail sérieux et appliqué, on peut repousser les limites. Je connais plus d’un stagiaire d’un jour qui ont été agréablement surpris par la qualité du discours de l’impétrant, comme entraînés par les paroles de l’entraîneur…
Et il a donc fallu que cela tombe sur lui. Oh !, je ne veux même pas évoquer le fond de l’affaire tant elle pue sur le fond et la forme. Il y a d’un côté certains médias qui phagocytent la présomption d’innocence et jettent des noms en pâture gratuitement. Comme si, au seul prétexte de la célébrité des joueurs, la contrepartie devait être celle-là. Et puis il y a les faits qui, s’ils sont avérés, ne grandissent pas leurs auteurs. Des professionnels auréolés de titres qui ont peut-être trop gagné, pas assez perdu pour apprendre à se relever, cru pouvoir tout maîtriser, sauf leur propre stupidité… Qui seraient-ils ces gamins aujourd’hui cousus d’or et partis s’encanailler si, au départ, ils étaient partis sans Canayer ?
J’ai vu Patrice affronter les journalistes comme il le fallait. Solennel et grave, malicieux aussi. Il était dans son rôle de s’étonner que cette affaire sorte étonnement en pleine semaine capitale entre le Flensbourg d’Europe et le Paris des Qataris. Il était tout à son affaire en ergotant sur le nombre anormal de journalistes venus jusqu’à Flensburg-Handwitt pour parler de hand vite et de paris en ligne surtout.
Patrice Canayer sait mieux que quiconque qu’il n’y a en ce moment qu’une vérité, celle du terrain. Et qu’il n’y a qu’un seul commentaire à éviter à court terme : celui du passage de témoins. Une ribambelle de scribouillards de salon ne se gêneront pas si ce dimanche nous ne gagnons pas à Paris. Patrice Canayer, une fois encore, on compte sur toi. Tu nous fais une défense étagée ou 6-0 à plat, on cherche le poste pivot plus que d’habitude, on gage sur Gajic pour soulager les deux frangins, on fait comme tu veux. Mais on est des winners. Parce que cela ne peut pas être autrement. Et parce qu’il faut rendre le sourire à Corinne… »
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