Baroud d’honneur
Par N.TPublié le
Drapé de son costume de chef d’Etat, le candidat Nicolas Sarkozy a dégainé dimanche 29 janvier l’argument clé de son discours de campagne : améliorer la compétitivité des entreprises pour relancer la croissance, contenir l’augmentation du chômage, voire amorcer sa diminution.
Recette miracle : la baisse du coût du travail et sa flexibilité. L’allègement de 13 milliards d'euros de cotisations sociales patronales serait ainsi compensé par une hausse de la TVA de 19,6% à 21,2%. Des accords d’entreprises dérogatoires s'imposeraient «à la loi et au contrat individuel». Autrement dit la possibilité offerte aux employeurs d’imposer une baisse de salaire ou une augmentation du temps de travail à rémunération constante. Les 35 heures, avancée indiscutable pour la qualité de vie des salariés, passeront à la trappe.
Nouvelle pression sur le pouvoir d’achat des plus modestes ? Nouveau cadeau au patronat ? Pas le moins du monde ! Nicolas Sarkozy s’en défend, prend même le pari que la hausse des prix n’aura pas lieu et que les chefs d’entreprises vont profiter de ces économies pour investir. Des mesures identiques n’ont pourtant pas produit les effets escomptés. La réduction du travail de la TVA dans la restauration n’a quasiment rien changé dans le secteur. La nouvelle taxe sur les Mutuelles a été en revanche vite répercutée sur les cotisations.
Mais ce ne sont là que des incidents de parcours. Moins de charges patronales, plus de flexibilité du travail, ça marche ! Pour preuve, la bonne santé de l’économie Allemande, clame le président candidat, son chômage à 7,1%, sa compétitivité industrielle… Oublions en passant le nombre croissant de travailleurs pauvres outre-Rhin, les bas salaires et les écarts de revenus. Peu importe aussi si la compétitivité Allemande est surtout boostée par l’importation de produits intermédiaires fabriqués dans des pays à bas coût. Pour mettre en avant la référence germanique, Nicolas Sarkozy fait habilement le tri dans les causes et les effets.
Le discours est présenté comme le pari d’un chef d’Etat courageux déterminé à rester jusqu’au bout au chevet de la France malade de son économie, quel qu’en soit le prix. Profitant de la crise, Nicolas Sarkozy tente de faire avaler aux Français la couleuvre de la seule absence de compétitivité à la source du malaise économique. L’emballage a été amélioré, mais le contenu reste en fait toujours le même : une logique de démantèlement du modèle social français. La droite n'a en réalité rien à d'autre à proposer que d'amarrer le wagon France aux locomotives de l'Europe libérale.
Pour recadrer le débat public en faveur de sa famille politique suite au discours très remarqué de François Hollande, candidat rival, Nicolas Sarkozy a ainsi adopté une posture de chef de guerre ouvrant un champ de bataille avec une batterie de mesures et une mobilisation médiatique impressionnante… comme pour un baroud d’honneur à deux mois et demi des présidentielles.