Les praticiens hospitaliers dénoncent le triste sort fait aux malades dans un pays qui largement les moyens de faire autrement... (DR)

Algérie : le scandale des malades du cancer à l’abandon

Les médecins hospitaliers algériens dénoncent les graves insuffisances dans l’accueil et le traitement des malades du cancer dans le secteur public auquel s’adresse l’écrasante majorité de la population.

Les résidents et internes en médecine se sont rassemblés samedi 29 septembre devant le centre Pierre et Marie-Curie de l’hôpital Mustapha Bacha, le plus grand établissement d’Algérie.

Ils dénoncent "les soins indignes prodigués aux malades cancéreux algériens qui souffrent de la pénurie cyclique de chimiothérapie et du manque d’accès à la radiothérapie dans l’indifférence des autorités responsables".

Les médecins en sont à leur troisième rassemblement dont un appel au don de sang pour les cancéreux.

« Seuls 1443 malades sur 6000 ont pu décrocher un rendez-vous de radiothérapie, le reste est dans la nature… » pouvait-on lire sur les pancartes brandies par le praticiens.

Dans une vidéo diffusée sur la page Facebook des « Envoyés spéciaux algériens », ils expliquent qu’ils manquent « du strict minimum » y compris des antalgiques pour soulager les malades de la douleur.

Le mystérieux lobby du médicament...

« Les rendez-vous sont très espacés, ils s’étalent en ce moment jusqu’au mois d’août 2013 », rapporte l’une des praticiennes mobilisées, affirmant que « certains malades décèdent sans jamais voir de médecin ».

« En 2011, 47 000 cancéreux ont été reçus au centre Pierre et Marie-Curie d’Alger, 28 000 nécessitait des soins de radiothérapie, 8 000 seulement ont pu être traités », révèle-t-elle.

Le Collectif Autonome des Médecins Résidents Algériens (CAMRA) a par ailleurs interpellé par les autorités dans une déclaration rendue publique.

« La pénurie de médicaments subsiste toujours, malgré les affirmations contraires de nos responsables, qui se sont livrés à une véritable offensive médiatique pour se dédouaner en chargeant le « mystérieux lobby » du médicament de tous les maux. Ce dernier est accusé d’avoir réussi l’exploit de surfacturer pour 150 millions de dollars sans qu’aucune autorité de l’Etat n’intervienne. Il serait le seul responsable de cette pénurie devenue constante à force d’être cyclique », dénoncent-ils

La filière est en réalité gangrénée par la corruption et le trafic. Les malades paient le prix de l'incompétence des autorités sanitaires qui se montrent incapables de contrôler et de réguler l’importation de médicaments.