Algérie : ouverture du Salon international du livre où l"Égypte est indésirable
La 15e édition du Salon international du livre d’Alger (SILA) a ouvert ses portes mardi 26 octobre. Le président Bouteflika a fait le déplacement pour couper le ruban. L’Egypte n’y est pas représentée pour des raisons obscures de « réciprocité ».
« Il ne se passe rien avec les Égyptiens. Il y a de la réciprocité. Les Algériens doivent savoir que l’Algérie n’était pas présente au Salon du livre du Caire de janvier 2010. En commun accord avec les éditeurs égyptiens, nous avons décidé d’éviter d’être présents au Caire. Malheureusement, cela n’a pas été relevé par la presse à l’époque », a résumé Smail Ameziane, commissaire du Salon international du livre d’Alger, cité par toutsurlalgerie.Com
En réalité, la décision de ne pas inviter Égypte avait été prise il y a quelques mois dans une poussée de fièvre xénophobe conséquente à la rencontre de football pour la qualification au Mondial-2010, marquée par des actes de violence commis sur les joueurs algériens au Caire.
« C'est par respect aux joueurs et supporteurs qui ont été caillassés et agressés au Caire. En tant que citoyen je ne peux pas le faire. Je ne suis pas prêt à recevoir les Égyptiens en Algérie, c'est encore frais ce qu'ils ont fait! (…) Je ne débourserai pas un centime pour leur sécurité ni la sécurité de leurs biens (…) Les Égyptiens nous ont traités de tous les noms via leurs médias et chaînes satellitaires. Ils ont même dénigré l'Algérie, son histoire et ses martyres et son emblème national. Ce sont ces éditeurs dits intellectuels qui l'ont fait», avait alors dit le sieur Amézaine dans une première mouture de son discours
Depuis le temps, devant le mouvement d’indignation d'intellectuels et de citoyens des deux pays et sans doute aussi de peur de sombrer dans le ridicule, le commissaire a fini par invoquer des motifs sécuritaires, lesquels n’ont pas convaincu pour autant. L’absence de Égypte dans un tel évènement est une décision stupide. Smaïl Ameziane s’est d’ailleurs bien gardé de tenir la conférence de presse habituelle pour éviter les questions légitimes mais non moins embarrassantes des journalistes.
Ces derniers se conteront des communiqués de presse informant de la présence d’une trentaine de pays, dont le Venezuela, la Pologne, l’Inde et les Etats-Unis qui y participent pour la première fois. Quelque 460 éditeurs, dont 130 Algériens, exposent leurs livres sur une surface totale de 20 000 m2 comprenant les espaces consacrés aux conférences.
La Suisse à l'honneur
La Suisse est à l’honneur pour cette 15ème édition du SILA. «Sur un stand de plus de 200 m2, original et conçu spécialement pour cette manifestation, une vingtaine d’éditeurs présenteront une vaste sélection de livres, près de 800 titres, dans tous les domaines et genres de l’édition de la littérature aux sciences exactes, en passant par l’histoire, la politique, la sociologie, les sciences humaines», précise l’Association des éditeurs, diffuseurs et libraires suisses (Asdel).
Le Béninois Harissou Betira, le Camerounais François Nkeme et la Togolaise Yasmin Zahra Issaka participeront à un débat sur les difficultés de l’édition en Afrique. Plusieurs romanciers, dont le Togolais Sami Tchak, le Camerounais Eugène Ebodé, le Rwandais Gilbert Gatore et la Gabonaise Justine Minsta, évoqueront leurs œuvres et leurs expériences littéraires. Les Afrique anglophone, lusophone et hispanophone demeurent malheureusement absentes du SILA.
Le SILA 2010 rendra hommage au romancier algérien Tahar Ouettar, décédé en août dernier, ainsi qu'aux universitaires Abdallah Cheriet et Abdelkader Djeghloul, disparus ces derniers mois.
Lundi 1er novembre, l’ancien Premier ministre Rédha Malek rendra hommage à Lakhdar Bentobal, ministre de l’Intérieur dans le 1er Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), décédé en août dernier. Les deux hommes avaient pris part aux négociations d'Évian qui devaient aboutir à l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Le romancier portugais Jorge Saramago, prix Nobel de littérature, sera honoré à titre posthume.