Silvio Berlusconi sans filet: la Cour constitutionnelle italienne fait sauter l'immunité pénale
La décision a été prise mercredi par les 15 juges de la Cour, à l'issue de deux jours de délibérations. L'institution a invalidé une loi accordant l'immunité pénale au président du Conseil. Ce texte protégeait Silvio Berlusconi d'un procès pour corruption à Milan.
La loi sur l'immunité a été adoptée l'an dernier, accordant l'immunité pénale aux quatre principaux dirigeants du pays pendant l'exercice de leurs fonctions, à savoir le président du Conseil, le président de la République et les présidents des deux chambres du Parlement.
Cette adoption a eu lieu au moment où une affaire de corruption impliquant Berlusconi était en effet jugée à Milan. Ce procès a été suspendu en attendant que la Cour constitutionnelle se prononce. C’est à présent chose faire et le président du Conseil pourrait à nouveau comparaître pour corruption présumée d'un avocat. D’autant que la décision de la Cour constitutionnelle ne peut pas faire l'objet d'un appel.
Berlusconi est soupçonné d'avoir ordonné l'attribution, en 1997, d'au moins 600.000 dollars (408.330 euros) à l'avocat britannique David Mills en échange du faux témoignage de ce dernier lors de deux audiences concernant d'autres affaires de corruption dans les années 1990. En février dernier, l’avocat a été reconnu coupable de corruption et condamné à quatre ans et demi de prison. Il a toujours affirmé qu'il était innocent.
Sans surprise, Silvio Berlusconi a affirmé qu'il ne démissionnera pas. Il a au contraire déclaré à des journalistes qu'il est "stimulé" après ce jugement. "Rien n'arrivera, nous irons de l'avant", a-t-il souligné, assurant que tous les procès lancés contre lui à Milan étaient "de vraies farces". Il a annoncé qu'il prendrait quelques heures pour se rendre sur place et montrer qu'il s'agit de "menteurs".
"Berlusconi, le gouvernement et la majorité vont continuer à gouverner", avait affirmé un peu plus tôt son porte-parole, Paolo Bonaiuti, qualifiant le jugement de "verdict politique".
"J'espère qu'aujourd'hui, à la lumière de la décision du tribunal, le président du Conseil arrêtera de faire des lois pour son propre compte, démissionnera et deviendra ce qu'il résiste à devenir depuis 15 ans: le prévenu", a déclaré pour sa part l'ancien procureur Antonio di Pietro, membre de l'opposition.