Gaza : le voile se lève sur l’ampleur des destructions et du désastre humanitaire

"Le niveau de destruction, que j'imaginais élevé, est encore pire que ce que j'attendais", a déclaré John Holmes coordinateur humanitaire de l'ONU lors d'une conférence de presse tenue vendredi à Jérusalem, après s’être rendu dans la bande de Gaza.

La communauté internationale allait selon lui devoir verser "plusieurs centaines de millions de dollars" pour répondre aux besoins les plus urgents des habitants de Gaza en produits alimentaires, eau portable, carburant, électricité, ainsi que l'aide aux personnes déplacées, dont le nombre est évalué à au moins 100.000. Il a indiqué que l'ONU lancera "début février" un appel à des fonds internationaux.

John Holmes s’est dit par ailleurs « choqué » devant le bilan humain de l'offensive qui a fait plus de 1.300 morts et plus de 5.000 blessés, dont des femmes et des enfant en grand nombre.

De son côté, John Ging, directeur des opérations à Gaza de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), a déclaré qu’Israël s’est surtout employé à détruire les infrastructures du futur Etat palestinien plutôt que celles des terroristes.

"Les responsabilités doivent être établies au sujet des raisons pour lesquelles l'armée de l'air israélienne a frappé les infrastructures de l'Etat palestinien plutôt que les infrastructures de la terreur", a affirmé M. Ging depuis Gaza

Selon lui, la majorité des destructions causées par l'offensive israélienne concerne les infrastructures du "futur Etat" palestinien ainsi que le tissu industriel de la bande de Gaza, et pas simplement les habitations. "Différents ministères ont été complètement détruits et le tissu industriel a été réduit à l'état de ruine", a-t-il déploré.

Olmert et Barak veulent protéger officiers et soldats 

Par ailleurs, face aux accusations de "crimes de guerre" dont son armée fait l’objet de la part de nombreuses ONG, dont Huit organisations israéliennes de défense des droits de l'Homme, Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a placé son ministre de la Justice, Daniel Freidman, à la tête d’une équipe interministérielle chargée de la défense de responsables civils et militaires contre d'éventuelles poursuites.

Le ministre de la Défense Ehud Barak est même demandeur d’une loi pour offrir "un soutien moral et légal aux officiers de l'armée et aux soldats à la suite de l'opération Plomb durci", selon un communiqué de son ministère.

"Le gouvernement israélien assume la responsabilité d'avoir envoyé les officiers et les soldats défendre les citoyens et il est obligé par conséquent de leur offrir un soutien total contre toute atteinte à laquelle ils pourraient être exposés en raison de leur implication" dans la guerre, assure le communiqué.

La censure militaire a d’ailleurs d’ores et déjà interdit la publication de l'identité des chefs d'unités engagées dans l'offensive de crainte qu'ils soient poursuivis pour crime de guerre.

Le patron de l'ONU, Ban Ki-moon, avait quant à lui réclamé mardi des poursuites contre les responsables des bombardements israéliens "totalement inacceptables" ayant touché des bâtiments de l'ONU.