Gaza, la trêve assassinée : quand Israël bombarde avec l’aval de Washington, 24 enfants tués
La trêve n’aura été qu’un mot. Un mensonge suspendu dans la fumée des ruines. Dans la nuit de mardi à mercredi, Israël a de nouveau frappé Gaza. Au moins 91 morts, dont 24 enfants, selon les hôpitaux de l’enclave. Deux cents blessés. Les mêmes scènes reviennent : immeubles effondrés, corps sortis des gravats, cris étouffés dans la poussière. Rien n’a changé. À Gaza, les cessez-le-feu ne sont pas des pauses, mais des préludes à la prochaine vague de feu.
Le prétexte ? Toujours le même. Un soldat israélien tué, un tir attribué au Hamas. Mais le mouvement palestinien dément. Israël n’attend pas la vérité pour agir. Il frappe d’abord, justifie ensuite. L’armée parle de riposte, les chancelleries de « dérapage », les médias d’« affrontements ». Pourtant, il ne s’agit pas d’un duel. Ce sont des avions contre des civils, des bombes contre des abris, un État surarmé contre une population piégée.
La complicité sans fard de Donald Trump
Avant même que les missiles ne s’abattent, Benyamin Nétanyahou avait prévenu la Maison Blanche. Et Washington avait dit oui. Oui aux bombardements, oui à la mort, oui à l’impunité. La porte-parole du gouvernement israélien l’a confirmé : tout s’est fait « en pleine coordination » avec les États-Unis. Puis le président Donald Trump a tranché : « Ils ont tué un soldat israélien, ils doivent riposter. » Le cynisme diplomatique devient doctrine : bombarder n’empêche pas la paix, bombarder c’est la paix.
Ainsi se perpétue le plus vieux mensonge de cette guerre : celui du « droit de se défendre ». Une défense qui tue plus d’enfants que de combattants, qui vise les hôpitaux, les marchés, les files d’attente devant les boulangeries. Une défense qui détruit l’eau, la lumière, la faim. Le vocabulaire humanitaire s’effondre avec les immeubles. Washington parle de « stabilité », Tel-Aviv de « sécurité », et les corps s’amoncellent dans un silence que la poussière rend sacré.
La politique du chaos
Derrière l’alibi militaire, une logique froide : maintenir Gaza dans la peur, détruire la société civile, briser toute forme d’organisation. L’État israélien n’affronte plus le Hamas, il affame un peuple. Il détruit les hôpitaux pour que les blessés meurent en silence, ferme Rafah pour que l’aide n’entre pas, et bombarde pour que personne ne se relève.
C’est une guerre civile à bas bruit qu’il cherche à provoquer -entre les clans, entre les désespérés, entre ceux qui survivront et ceux qui ne le pourront pas. C’est la politique de la terre brûlée, une stratégie coloniale recyclée à l’ère des drones.
Sur le terrain, les secouristes n’ont plus de carburant, les ambulances s’immobilisent. Les volontaires fouillent les décombres à mains nues. À Al-Shifa, des médecins opèrent sans anesthésie. Des familles dorment dehors, les enfants dessinent des avions dans la poussière. Les vivants apprennent à compter les morts. Les morts, eux, n’ont plus de noms.
Un cessez-le-feu fantôme
Depuis le 10 octobre, la « paix du président américain » servait de couverture à la guerre. Israël n’a jamais ouvert le passage de Rafah, jamais honoré ses engagements. Et quand il le faut, un incident -réel ou inventé- suffit à rallumer les flammes. La trêve n’est plus qu’un écran de fumée : un théâtre où Israël joue la victime avant de redevenir le bourreau.
À chaque fois, la même scène se rejoue. Les capitales occidentales appellent au calme. Les chancelleries condamnent « toutes les violences ». Personne ne dit le nom du crime.
Le mot « génocide » reste interdit dans les studios, effacé des dépêches, étouffé dans les communiqués. Pourtant, il s’impose de lui-même, implacable. Ce que vit Gaza n’est pas une guerre, c’est une extermination par étapes : bombarder, affamer, isoler, recommencer. Et tout cela, avec l’assentiment des démocraties autoproclamées.
La honte et le silence
Les enfants de Gaza ne savent plus ce qu’est une école. Ils n’ont jamais vu une nuit sans drones, ni un ciel sans menace. Leur enfance se compte en sièges, en deuils, en coupures d’électricité. Chaque trêve annonce un deuil. Chaque silence annonce une frappe.
La trêve a été assassinée à Gaza. Non par surprise, mais par habitude. Israël tue comme on respire, avec la bénédiction de ses alliés. Et l’Occident, qui prétend défendre le droit international, regarde ailleurs. Les ruines de Gaza sont les ruines de notre conscience.