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Nouvelle méthode de répression créée par le régime tunisien

Me Abdelwahab Matar est professeur de droit à l'Université de Sfax en Tunisie. C'est un avocat engagé dans la défense de toutes les victimes de la dictature. Il milite dans le mouvement des droits de l'homme en Tunisie depuis les années 80. Il est dirigeant de l'association Internationale de défense des prisonniers politiques (aispp), interdite.

Il a été envoyé en 2006 par la Commission Arabe des droits de l'Homme en Mauritanie comme observateur des élections. Il fait partie de son pool d'avocats qu'elle mobilise pour être observateurs dans les procès politiques.

C'est aussi un homme politique et l'un des fondateurs et des dirigeants du ‘' Congrès pour la république ‘' parti d'opposition interdit.

Cet homme est actuellement ciblé par le pouvoir tunisien qui paraît décidé à le briser par des techniques sophistiquées, visant à le déposséder de tous ses biens et à le précipiter lui et les siens dans la misère, et de toutes les façons à le détourner de la défense des causes justes pour se consacrer à un combat pour la survie.

Le redressement fiscal est l'une des techniques favorites du régime tunisien pour affirmer et maintenir sa domination. Elle a été utilisée d'abord contre les hommes d'affaires pour les obliger à se montrer généreux envers le parti au pouvoir, ou d'accepter dans leur capital des individus louches souvent proches de la famille du président et de sa femme. L'arme est utilisée souvent contre les avocats défenseurs des droits de l'Homme.

Mais le cas de Me Matar est unique par son énormité tant sur le plan juridique que sur le plan des sommes demandées.

En septembre 2004 , Me Matar a été assujetti à un contrôle fiscal approfondi portant sur les années 2000,2001,2002 et 2003, et l'obligeant à payer 16.796. Dinars tunisiens (DT). Même contrôle tatillon en 2004, 2005 et 2006.

Le 14 juillet 2007, l'administration le somme de payer la somme astronomique de 240.000 DT, se basant sur un revenu annuel supposé d'un million et demi de dinars.

Pour justifier une taxation aussi surréaliste, elle a compté comme fonds propre de l'intéressé, les avoirs qu'il a récupéré pour ses clients. Ces derniers ont eu beau témoigner que toutes les sommes taxées étaient les leurs et qu'elles ont été récupérées, l'administration persista dans ses demandes.

Le 11 octobre, elle a commencé à saisir le compte bancaire de Me Matar, sa voiture et celle de son fils, ainsi que sa maison.

Tout cela couronnant des années de filature, de surveillance des cours à la faculté et de traitements indignes à l'aéroport lors des déplacement ou de retour de l'étranger.

Pourquoi cet acharnement spécial qui dépasse de loin le lot commun de tous les défenseurs des droits de l'Homme en Tunisie ?

La réponse est simple. Me Matar a intenté en 2002 un procès devant le tribunal administratif pour annuler pour vice de forme , le réferundum organisé par le régime pour donner au président Ben Ali l'immunité et le droit de se présenter indéfiniment aux ‘' élections présidentielles''

Pour un régime cynique, comme la dictature tunisienne, soucieux d'habiller tous ses excès et ses violations des libertés par un voile juridique, la démarche était d'autant plus subversive qu'elle mettait en cause la légalité des élections de 2004, celles en préparation de 2009, et donc la légitimité du régime et de son chef.

Le cas Matar est symptomatique à plus d'un titre.

Il montre la sophistication mise en place dans la répression des militants des droits de l'homme. Il témoigne de la dégradation du droit et de la justice en Tunisie. Il est une attaque flagrante et une intimidation de plus contre tout le barreau tunisien prévenu de ce qui l'attend éventuellement.

Il est aussi le drame d'un homme et d'une famille qui se voient spoliés de tous leurs biens au nom d'une loi taillée sur mesure et qui payent au plus cher leur engagement dans le combat pour le droit et la justice.

Votre soutien, sous quelque forme que vous voudrez bien lui donner, sera un soutien non seulement à Me Matar et à sa famille, mais aussi aux causes pour la défense desquelles, le régime tunisien veut les ruiner et les affamer,

Dr Moncef Marzouki

Président d'honneur de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme

Ancien Président de la Commission Arabe des Droits de l'Homme

(Source : www.alhiwar.net le 10 mars 2009)

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