Tunisie: liberté de presse et condamnation du journaliste Fahem Boukadous
Le journaliste Fahem Boukadous a été accusé d'avoir diffusé une "information de nature à troubler l'ordre public". Cette accusation fait référence à ses reportages sur les manifestations populaires qui on eu lieu dans la région minière de Gafsa (350 km de Tunis) pour Al-Hiwar Ettounsi, une chaîne satellitaire tunisienne indépendante, animée par un groupe de militants issus de différentes tendances de l'opposition démocratique et progressiste tunisienne.
La condamnation par contumace à quatre ans de prison ferme de Fahem Boukadous a été prononcée par la Cour d’Appel de Gafsa (sud-ouest), le 6 juillet dernier alors qu'il venait d'être hospitalisé le 3 juillet à Sousse (centre-est).
Chefs d'inculpation: "diffusion d’information susceptible de porter atteinte aux personnes et à leurs biens" et "constitution d’une entente criminelle susceptible de porter atteinte aux personnes et aux biens".
L'arrestation du journaliste Fahem Boukadous à sa sortie d'hôpital par les autorités tunisiennes a suscité de vives réactions à l'étranger et dans la presse internationale.
Dans un document de mise en garde adressé à la Tunisie, les États-Unis s'inquiètent de la montée de la censure et de la répression des libertés d'expression en Tunisie, pays hôte du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI).
La réaction du pouvoir tunisien ne s'est pas fait attendre: le ministère des Affaires étrangères dit sa "stupéfaction" devant le "manque de discernement dans la vérification des informations et la précipitation injustifiée dans la formulation des jugements concernant les pays tiers".
Outré, ce même pouvoir se demande : "comment le porte-parole officiel d'un État peut-il transformer une affaire de violence et d'agression visant des personnes et des biens en une affaire de liberté de presse?"
Mais la vraie question n'est-elle pas plutôt: Comment un État peut-il transformer une affaire de liberté de presse en affaire de violence et d'agression visant des personnes et des biens?