Le président turc à Erevan: l'opposition critique, la presse salue une visite "historique"
Par N.TPublié le
La décision du président turc Abdullah Gül de se rendre samedi en Arménie pour assister à un match de football Arménie-Turquie a été saluée jeudi comme une visite "historique" par les médias turcs tandis que l'opposition parlementaire l'a critiquée avec force.M. Gül répondant ainsi à l’invitation de son homologue arménien Serge Sarkissian.
M. Gül sera le premier chef d'Etat turc à se rendre en Arménie, depuis l'indépendance de ce pays en 1991, alors qu'un profond différend oppose les deux nations sur la question du génocide arménien et qu'elles n'ont pas de relations diplomatiques.
Les deux pays entendant ainsi normaliser leurs relations mais surtout les réchauffer, et montrer la détermination bilatérale de l’apaisement dans une région stratégique au cœur de nombreux conflits et notamment le conflit géorgien.
M. Erdogan a en outre rejeté les spéculations selon lesquelles le voyage de Gül vexerait l'Azerbaïdjan turcophone et musulman avec lequel la Turquie a d'étroites relations. Ankara a fermé sa frontière avec l'Arménie en 1993 après le conflit entre Bakou et
"Ce déplacement historique constitue un geste fort et encourageant pour les relations entre l'Arménie et la Turquie", a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Eric Chevallier.
Alors que la presse turque a salué le caractère "historique" du voyage qui ne devrait durer que quelques heures avec un tête-à-tête Gül-Sarkissian, l'opposition turque a multiplié les critiques.
"Cette visite est totalement injustifiée alors que le peuple turc est injustement accusé de manière mensongère d'avoir commis un génocide et que l'Arménie ne montre aucun signe de renoncer à sa politique à cet égard", a estimé le vice-président du parti nationaliste MHP, Tunca Toskay.
"C'est un déplacement qui n'a pas lieu d'être. L'Arménie ne reconnaît pas les frontières turques et accuse la Turquie d'avoir perpétré un génocide", a souligné un responsable du CHP, la principale force d'opposition au Parlement, Mustafa Özyürek.
Mais des commentateurs de presse ont vu dans cette "diplomatie du football" l'occasion d'une certaine normalisation des liens bilatéraux.
Erevan estime que les massacres d'Arméniens commis sous l'empire Ottoman de 1915 à 1917 ont fait jusqu'à 1,5 million de morts et sont un génocide, une position adoptée par plusieurs pays.
La Turquie rejette catégoriquement ce qualificatif tout en reconnaissant des massacres après que les Arméniens eurent pris les armes pour créer leur Etat indépendant.