Municipales en Turquie : les islamistes au pouvoir n’ont plus vraiment le vent en poupe
Par N.TPublié le
Quelque 48 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dimanche pour renouveler les conseils municipaux et régionaux. Le parti pour la Justice et le Développement (AKP, islamo-conservateur) du Premier ministre Tayyip Erdogan était donné vainqueur avec près de 40% des voix.
Dans un entretien publié vendredi, ce dernier, ancien maire d'Istanbul, avait estimé qu’un score inférieur à 47% (résultat réalisé aux législatives en 2007) constituerait un échec pour son parti.
Le parti Républicain du peuple ( CHP, social-démocrate) principale force d'opposition au parlement était arrivé second avec 20 % des suffrages. En troisième position s'inscrivait le parti de l'Action nationaliste (MHP) avec 16,7 % des suffrages. Ces résultats étaient enregistrés après le dépouillement de plus de la moitié des bulletins.
Les élections se sont déroulées dans un climat de violence qui a fait cinq morts et plus d'une centaine de blessés, notamment en Anatolie, dans le Sud-est, régions à dominante Kurde.
Le Premier ministre s’était personnellement engagé dans la campagne de ce scrutin, avec l'objectif d'en obtenir un renforcement de la position de son parti. La tendance qui s'est dessinée dès les premiers résultats va sans doute quelque peu refroidir son enthousiasme.
Bien que toujours majoritaire, la mouvance islamiste au pouvoir ne semble plus avoir le vent en poupe en effet, comme ce fut le cas ces deux dernières années.
Selon de nombreux observateurs, les électeurs ont plutôt donné un avertissement au parti d’Erdogan. « La popularité de l’AKP est en train de s’effriter» a commenté un analyste sur la chaîne CNN-Turk. Des journalistes de la publication libéral Milliyet ont pour leur part estimé qu’il s’agissait bien «d’une mise en garde» et que le parti au pouvoir serait bien inspiré d’en tenir compte.
L'AKP a échappé de justesse l’an dernier à une procédure de dissolution sous pression des laïques, lesquels reprochaient au gouvernement d'être en infraction par rapport à la Constitution en portant atteinte à la laïcité.