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Désaveu

L'étranger dans la Cité pourrait-il avoir le droit de voter pour élire le premier magistrat de celle-ci? Cet acte à priori simplement citoyen fait à nouveau débat en France, la question figure sans surprise parmi les sujets de pré-campagne des présidentielles, premier round d'observation qui sert à tester les réactions de l'opinion. Mauvaise pioche hélas pour la droite qui vient de constater que sur ce thème elle prêche dans le désert.

Le premier ministre, François Fillon, peut toujours vociférer qu'il n'acceptera "jamais" le droit de vote des étrangers extra-communautaires aux élections locales, et le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, s'inquiéter d’une disposition qui "risque de diviser profondément les Français", les courants d'opinion vont dans le sens inverse: 61% des sondés se disent favorables à cette mesure, selon une enquête BVA publiée par Le Parisien.

Ce droit de vote semble aller de soi et relever du bon sens pour une grande majorité de jeunes, d'ouvriers et de cadres. Il se trouve de plus que l'idée a même fait son chemin chez les sympathisants de droite, dont 43% des sondés approuvent désormais la mesure contre 28% seulement en 2010.

Le rejet absolu du vote des étrangers extra-communautaires persiste à l'évidence dans les milieux socio-politiques racistes et xénophobes. La droite qui tente manifestement d'y puiser des voix marche là ouvertement sur les plates-bandes du Front National.

Placés en première ligne sur ce terrain de chasse, les soldats de la "droite populaire" qui occupent désormais à longueur temps les plateaux TV et les ondes reviendront sûrement bredouilles. Le camp de Marine Le Pen n’est pas disposé à se laisser ainsi aspirer. La première campagne de Nicolas Sarkozy a laissé des traces.

En s'emballant de la sorte sur le thème du droit de vote des étrangers, en voulant absolument en faire un cheval de bataille électorale, la droite française prouve encore une fois qu'elle est singulièrement en retard par rapport à sa société. Elle lève le voile sur une attitude foncièrement réactionnaire et se prend de plein fouet le désaveu de l'opinion.