Légitimité
Par N.TPublié le
Les traders ont la peur au ventre, les analystes financiers en perdent leur latin, les places boursières s’effondrent, les états majors des banques se muent en cellules de crise, la presse française se répand en commentaires pour le moins surprenants, martelant en continue la supposée « convocation » en marge du G20 à Cannes de Georges Papandréou, premier ministre grec, dont le très inspiré Alexandre Adler, éditorialiste à Europe 1, dit « qu’il a perdu les pédales » ; tandis que le couple Sakozy-Merkel artisan d’un montage financier qui pressure le peuple Grec pour soumettre son économie aux exigences de la planète finance fait mine de découvrir la légitimité de ce dernier à s’exprimer sur son sort.
L’Europe bat de l’aile sous le regard presque amusé du géant chinois qui attend de proposer ses services pour sauver une zone euro quasiment à l’agonie, terrorisée par l’effet domino sur l’Italie, l’Espagne, la France, que pourrait entraîner le rejet par les grecs du fameux « plan de sauvetage ».
La fronde du gouvernement grec qui approuve le principe d'un référendum met en fait à nu les contradictions de l’Europe libérale, système en pleine déliquescence dans l’enfermement d’un capitalisme financier déconnecté de l’économie réelle, de sa logique spéculative qui freine la croissance, précipite des millions de citoyens dans le chômage et la pauvreté. C’est un sursaut qui prend de cours les argentiers, les spéculateurs occupés à faire tourner des masses financières considérables en se gavant de profits à une vitesse diabolique.
En redonnant l’initiative à sa population qui se défend désespérément dans un enchaînement de mouvements de rues, de plus en plus violents, Georges Panpadréou ne fait qu’exprimer une détermination à refuser une mise sous tutelle pour rassurer les marchés financiers.
Au-delà de l'agitation et des menaces à peine voilées du couple Franco-Allemand, la décision met en réalité la gouvernance européenne au pied du mur. Il revient à celle-ci de reprendre en urgence l’initiative politique pour le traitement de la crise de la dette à l’échelle de la zone euro et non pas au coup par coup sous pression des agences de notation, de mettre en place des mécanismes de fonctionnement solidaire qui donnent la priorité aux conditions de vie des populations et non à la sérénité des salles de marchés.
Parce qu’elle fait bouger les lignes en faveur des peuples et en appelle ouvertement à une autre Europe, la colère des grecs est légitime.