Révision des accords franco-algériens de 1968 : Macron réaffirme l’autorité présidentielle
Par La rédactionPublié le
Le chef de l’État français remet les pendules à l’heure en réaction à l’agitation de son Premier ministre et du ministre de l’Intérieur. Emmanuel Macron a réaffirmé, lors d’une conférence de presse à Porto (Portugal) le 28 février, son opposition à une dénonciation unilatérale des accords de 1968 régissant les relations migratoires entre la France et l’Algérie.
« Cela n’a aucun sens », a-t-il insisté, en réponse aux déclarations antérieures de son Premier ministre, qui menaçait Alger de rompre ces textes. Le chef de l’État a souligné que la politique étrangère française, y compris ces accords, relevait exclusivement de son autorité, rappelant que ni un ministre ni « un agitateur politique » ne pouvaient s’en emparer.
Ces propos font suite à des tensions récentes, exacerbées par les critiques du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains (LR), qui a instrumentalisé le sujet dans un contexte de surenchère politique. Macron a dénoncé ces «jeux» électoralistes, appelant à un dialogue apaisé : « Nous n’avancerons pas si nous ne travaillons pas en profondeur. Parler par voie de presse est ridicule. » Il a également évoqué la nécessité de régler le cas de l’écrivain Boualem Sansal, détenu en Algérie, comme gage de confiance mutuelle.
« Un climat délétère »
Le président français a rappelé que la modernisation des accords de 1968 — qui encadrent le statut des Algériens en France en matière de séjour, d’emploi et de circulation — avait été envisagée dès l’été 2022 avec son homologue Abdelmadjid Tebboune. « Beaucoup de choses doivent être faites de part et d’autre », a-t-il expliqué, tout en déplorant les commentaires «parfois factuellement faux» entourant ces textes. Une mise au point qui sonne comme un désaveu à l’égard des membres de son gouvernement, accusés d’alimenter un «climat délétère».
Tebboune, dans un entretien récent au journal L’Opinion, avait lui-même souligné que « la République française, c’est d’abord son Président », reconnaissant implicitement le rôle central de Macron. Ce dernier a salué ces propos, affirmant : « J’ai bien entendu les mots du président Tebboune », et appelé à un réengagement des deux pays sur des bases sereines.
En toile de fond, cette controverse révèle une dissonance au sommet de l’État français. Alors que l’exécutif algérien dénonce des relents de « diktats coloniaux », Macron tente de contenir les dérapages de ses troupes, réaffirmant que l’ère des unilatéralismes est révolue. Pour lui, seule une révision concertée des accords, respectueuse des souverainetés, permettra de sortir de l’impasse.