France : des états généraux de l’information… pourquoi faire ?
Par N.TPublié le
Les états généraux de l'information débutent aujourd'hui, le 3 octobre. Les précédents remontent à 2008 et ne concernaient que la presse écrite. Depuis lors, la liberté des journalistes et le droit des citoyens à être informés ont reculé. Ces états généraux vont-ils changer la donne ?
Cette initiative, promise par Emmanuel Macron lors de sa campagne, a été repoussée trois fois depuis son élection. Un "comité indépendant" a finalement été formé pour diriger le projet, qui devrait aboutir à des propositions l'été prochain.
Le comité promet d'impliquer les citoyens et les associations via un site internet où chacun pourra apporter ses contributions. Est-ce que le comité et le gouvernement auront le courage de s'attaquer sérieusement au problème de la concentration des médias et à ses dérives ? Est-ce qu'ils privilégieront la presse indépendante ? C’est là des questions essentielles.
Le problème central reste toutefois la loi de 1986 sur la concentration des médias, qui est totalement dépassée. A l'origine, elle devait réguler le secteur en permettant d'avoir un journal quotidien et une radio ou une télévision, mais pas les trois à la fois.
Aujourd'hui, il faudrait inclure les hebdomadaires ainsi que les nouveaux médias comme Internet et la téléphonie, car certains possèdent à la fois les moyens de diffusion et les contenus.
Les aides à la presse doivent également être réexaminées afin d'être attribuées aux structures qui en ont réellement besoin. Fabien Gay, directeur de l'Humanité, propose de taxer 1 % des revenus publicitaires pour les distribuer aux titres qui sont boycottés par les annonceurs.
Le pillage des contenus par Google et Facebook
Par ailleurs, 70 % de la presse française est lue en ligne et deux acteurs contrôlent l'accès à ces contenus. Les réseaux sociaux sont devenus la principale source d'actualité pour de nombreux jeunes, tandis que Google Actualités dicte ce qui apparaît ou non dans les moteurs de recherche.
En quinze ans, Google et Facebook ont transformé l'industrie de la presse en pillant les contenus et en gardant les internautes sur leurs plateformes. La directive européenne de 2019 impose une rémunération pour l'utilisation des contenus, mais il a fallu attendre cette année pour que Google signe un accord avec les journaux français.
Une autre menace se profile avec l'utilisation croissante des intelligences artificielles pour générer du contenu. Certaines entreprises utilisent déjà des IA pour générer des articles ou des dépêches, ce qui pose des problèmes de plagiat et d'indépendance éditoriale.
La réorientation des aides publiques en faveur des journaux indépendants
Les syndicats de journalistes appellent à une réforme de la réglementation et à une réorientation des aides publiques en faveur des journaux indépendants. Ils demandent également des mesures pour protéger les rédactions et les droits individuels des journalistes.
En ce qui concerne la régulation, des sanctions plus sévères pourraient être appliquées en cas de non-respect des règles, et des mesures pourraient être prises pour renforcer l'indépendance des médias au sein des groupes de presse.
Pendant que les états généraux de l'information sont en cours, l'Union européenne discute d'un texte qui permettrait la cybersurveillance des journalistes, à la demande de certains États membres, dont la France.