le général à la retraite Liamine Zéroual... (DR)

Algérie: l’après Bouteflika passera-t-il par un saut dans le passé ?

Zeroual sera-t-il le nouvel Homme du consensus pour le sérail ? Du moins c’est ce que le laissent supposer certains analystes qui affirment qu’un travail est engagé pour faire revenir le Général en retraite à la présidence de la République. L’option pourrait être perçue également comme une volonté des décideurs de concevoir des élections réglées d’avance, tout comme les précédents scrutins pour la magistrature suprême.

La fabrication d’un nouvel Homme du consensus balaierait d’un revers de la main vingt ans de l’histoire du pays. Ce serait considérer le passage de Abdelaziz Bouteflika, au palais d’El-mouradia comme une parenthèse qu’on s’empressera de refermer une fois le candidat idéal trouvé. Ce serait également une façon de barrer la route devant de potentiels candidats aussi bien du camp des démocrates que des clans conservateurs.

«Liamine Zeroual jouit d’une certaine aura dans la société et l’opinion publique le considère comme l’unique président bien élu et qui a osé refuser de céder aux pressions de certains cercles proches du pouvoir. C’est une bonne carte de visite qui ferait de lui l’homme de la solution et non celui de la solution», estime L. Boumediène, un ancien militant du PAGS qui ne manquera pas d’affirmer qu’en l’état d’émiettement que vivent les forces qui luttent pour la démocratie et la modernité, « une option pareille serait une véritable mise à mort de la volonté de liberté exprimée par de larges couches de la société.

Ce serait une façon pour le système de se reproduire par un savant clonage qui jouerait sur la sympathie pour l’ancien président démissionnaire, son intransigeance devant les tenants du pouvoir de l’époque et son ancrage social puisque le choix de ce cette option, un  homme originaire des Aurés serait une véritable rupture avec le clan de Oujda incarné par Bouteflika et la légion de ministres issus de la zone frontalière ».

L’avis est partagé par un enseignant de l’Université USTO qui estime qu’en optant pour une figure qui fait déjà partie du passé du pays, ce serait un véritable signal adressé à la jeunesse. « Décodé, il sera perçu comme un ordre à rester encore loin des affaires du pays. Ce sera un énième report de la transmission du flambeau aux nouvelles générations.

Zeroual président, ce serait la porte ouverte vers le statuquo et cela est préjudiciable pour le pays qui ne peut pas rester en marge des mutations que connaissent les pays de la région. Les décideurs devraient lâcher du lest pour permettre à la société de s’organiser et d’exprimer, pacifiquement ses besoins. Zeroual pourrait dans ce cadre gérer une période de transition qui serait utile pour remettre tous les candidats sur la même ligne de départ.

Le temps ne travaille plus pour le système contraint à adouber un candidat. Oui mais pour donner du crédit à cette course réglée d’avance, il faudra trouver de bons lièvres qui eux font défaut sur la scène politique », dira notre interlocuteur.

Nassim Bensidi