Turquie : les « mères du samedi » toujours en quête de la vérité sur leurs enfants disparus
Par N.TPublié le
Elles avaient pour habitude de se rassembler, chaque semaine et depuis le 27 mai 1995, devant le lycée francophone Galatasaray, au coeur d'Istanbul, en brandissant des photos de leurs proches disparus. Mais la police fait désormais la chasse aux « mères du samedi ».
La tenue de leur 700ème manifestation pacifique, le 25 août, a été empêchée par des agents. La police les a dispersées à l'aide de canons à eau et de grenades lacrymogènes et des figures du mouvement, comme Emine Ocak, 82 ans, ont été brièvement interpellées, suscitant l'indignation, rapporte l’AFP.
Le mouvement des "mères du samedi" s'est inspiré de celui des "mères de la Place de mai" en Argentine, où des proches de victimes de "disparitions forcées" pendant la dictature (1976-1983) manifestaient chaque semaine pour demander des informations.
Des ONG accusent les gouvernements turcs des décennies 1980 et 1990 d'avoir commis de nombreuses violations lors d'arrestations et d’avoir fréquemment eu recours à la torture.
Les forces de l’ordre étaient alors confrontées à la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le Sud-Est, et aux groupes d'extrême gauche à travers le pays.
Les « mères du samedi » craignent qu’Erdogan enterre définitivement ce passé douloureux et qu’elles n’aient plus aucun espoir de connaître la vérité sur le sort qui a été réservé à leurs enfants et proches disparus.