« Les Bâtisseurs », aux fondations du MuCEM

« Les Bâtisseurs » de Jérôme Cabanel: instantanés du développement de Marseille

A l'heure de l'ouverture toute proche à Marseille des Terrasses du Port, un vaste complexe commercial et de loisirs dont il a réalisé les prises de vue tout au long des travaux, Médiaterranée a souhaité revenir sur la sortie à la fin de l'année 2013 du livre de photographies réalisées par Jérôme Cabanel, « Les  Bâtisseurs  ». Publié aux éditions Intervalles, préfacé par le cinéaste Robert Guédiguian et postfacé par l'architecte Rudy Ricciotti, l'ouvrage a pour sujet les chantiers majeurs de la ville ces dernières années. Entretien avec un photographe entreprenant.

Hervé Lanfranchi : –... Qui êtes-vous Jérôme Cabanel, d'où venez-vous et quel est votre parcours ? Et avez-vous une expérience dans le bâtiment ?
Jérôme Cabanel : –...J’ai 44 ans, je suis originaire des Cévennes et basé à Marseille. Titulaire d’une maîtrise d’Histoire de l’Art dont la problématique était « Y a-t-il un esprit Magnum ? », j’ai depuis réalisé des reportages sur des sujets tels que les agriculteurs du Causse Noir, les réfugiés tziganes bosniaques à Marseille, les supporters de l’OM, Marseille vue des grues, les raves parties (Que sont nos raves devenues ?), le littoral marseillais (Planète Mars, exposition qui sera du reste présentée du 24 mai au 31 décembre 2014 aux Terrasses du Port)... Mais hormis une mission d’un mois en tant que tireur de câbles sur le chantier du Fort saint Nicolas à Marseille en 1992, je n’ai aucune expérience dans le bâtiment !

Hervé Lanfranchi : –... Vous avez dit dans une interview à France 3 que l'univers des chantiers de grands travaux vous faisait penser à celui des champs de bataille ; paradoxalement, vous ne présentez pratiquement aucune photo de travail abouti, de victoire en quelque sorte, pourquoi ?
Jérôme Cabanel: –...En effet, nous retrouvons des correspondances entre le chantier et la guerre – type guerre de tranchées –, notamment les casques, la boue, le vacarme des machines... Et c’est en fait cette étrange sensation qui m’a poussé au départ à m’introduire sur un chantier pour y réaliser des images dans le but d’y retranscrire cette sensation. Et en effet, la globalité de l’ouvrage est axée sur cette métaphore guerrière mais les trois dernières photographies du livre sont porteuses d’espoir. Notamment la dernière, qui nous montre une vue générale du littoral marseillais avec une multitude de bâtiments finalisés.

Hervé Lanfranchi : –... La publication de ce livre «  Les  Bâtisseurs  », est-ce le signe que votre travail est arrivé à maturité ?
Jérôme Cabanel : –... Je ne sais pas si mon travail est arrivé à maturité avec « Les  Bâtisseurs  », mais en tous les cas, j’y travaille depuis longtemps (2001) et je continue actuellement les prises de vue sur ce thème grâce à des travaux de commandes, avec notamment la transformation des Docks et la création de commerces en sous-sol, les Voûtes de la cathédrale de la Major (également des commerces), la nouvelle prison des Baumettes...

Hervé Lanfranchi : –... Quels sont vos projets à l'heure actuelle ?
Jérôme Cabanel  :  –...L’exposition « Les Bâtisseurs » sera montrée à Paris début juin pendant trois semaines. Un nouveau livre sur la construction du MuCEM paraîtra en début d’été, il est réalisé avec la photographe Lisa Ricciotti. Et cet été également, je ferai les prises de vue du tournage du prochain film de Guédiguian « Une histoire de fou », qui traite du génocide arménien.

Hervé Lanfranchi : –... Quelles sont les recommandations que vous pourriez faire à un jeune photographe, sur quel thème lui conseilleriez-vous de travailler ?
Jérôme Cabanel: –... Je lui conseillerais de travailler sur un thème qui le motive et dans un style qui lui est propre, non pas de faire une thématique qui est à la mode. Je lui conseillerais aussi de voir les expositions et les livres des grands photographes et des grands peintres mais aussi d’aller au cinéma, de lire des livres… Bref, de se cultiver pour alimenter son imaginaire.