La une de Libération du 29 novembre 2011. (DR)

France : immigration, sécurité… une surenchère délirante

Tournant nauséabond de la campagne pour les présidentielles en France, à une cinquantaine de jours du scrutin. Droite et extrême droite rivalisent de propos stigmatisant les étrangers et en particulier, les maghrébins et les musulmans de façon générale.

Dimanche 4 mars, la candidate Marine Le Pen, présidente du Front National, est venue cracher de la haine à Marseille devant un parterre de 3500 militants et sympathisants rassemblés en ratissant large sur le département et même au-delà, réclamant à cor et à cri le fameux "karcher" promis par Nicolas Satkozy, alors ministre de l’Intérieur, contre les jeunes de cités.

Vendredi 2 mars, Claude Guéant, ministre de l’Intérieur désormais célèbre pour ses "sorties" sur le registre de la xénophobie, a franchi un nouveau seuil de propos provocants qui confinent à la bêtise. Le vote des étrangers aux municipales rendra obligatoire la nourriture halal dans les cantines scolaires, a-t-il mis en garde, non sans signaler en passant « qu’il y a 5,8 % d'étrangers en France alors que 13% des condamnations concernent les étrangers. » Diable !

Immigration et insécurité sont ainsi les thèmes favoris de la droite et de son extrême à mesure que s’accélère la campagne. C’est à croire que les 43 millions d’électeurs français sont frappés de stupidité au point de croire que le salut du pays viendra de mesures fortes engagées dans ces domaines respectifs, au moment où les files d’attente s’allongent devant les guichets de Pôle emploi, alors que les restos du cœur font honteusement le plein, que des dizaines de milliers de salariés rejoignent leur travail la peur au ventre d’un licenciement surprise et qu’un nombre sans cesse croissant de travailleurs pauvres souffrent de précarité et de mal-logement.

Accompagnant une campagne électorale sans éclat, qui tourne à la foire d’empoigne, ces discours portent l’empreinte du mépris à l’égard d’une grande majorité de Français. Une surenchère délirante que l’histoire inscrira sans doute au palmarès de la médiocrité et de la bêtise.