SNCM : Marc Dufour et Gérard Couturier lancent un SOS aux députés !
Par nicolas éthèvePublié le
Marc Dufour, le président du directoire de la SNCM, et Gérard Couturier, le président du Conseil de Surveillance, ont pris leur plume pour alerter les députés, une semaine avant la tenue d'une nouvelle réunion qui pourrait acter la mise à mort programmée de la compagnie. Comme une bouteille à la mer...
L'avenir proche dira si la fusée de détresse lancée ce lundi par Marc Dufour et Gérard Couturier en direction des représentants de l'assemblée nationale, atteindra son objectif ou s'échouera dans l’indifférence générale : celle d'une non-assistance à une entreprise en danger, encore aujourd'hui détenue par Veolia Transdev (66%), l'Etat (25%) et les salariés (9%).
Appel d'urgence
Dans ce courrier que Médiaterranée diffuse ci-dessous in extenso, le président du directoire de la SNCM et le président de son Conseil de Surveillance, en proie à l'hostilité de l'actionnaire majoritaire Transdev qui souhaite se retirer de la Compagnie, appellent les députés à l'aide et au soutien. Contre qui, contre quoi ? Contre tous ceux qui, dans la sphère publique, comme dans la sphère privée, travaillent depuis des années à la liquidation de la SNCM.
Alors même que le groupe norvégien Siem affiche tout son intérêt pour la SNCM en étant aujourd'hui reçu au Ministère des Transports, la liquidation de la SNCM pourrait bien être actée dès lundi prochain au travers de l'éviction de Marc Dufour de la tête de la compagnie. Avec toutes les conséquences sociales et économiques que l'on imagine à Marseille, en Corse et même au Maghreb, comme le souligne sur son blog Alain Verdi, ce spécialiste de la SNCM qui a toujours eu raison longtemps avant tout le monde sur ce dossier, au grand dam de la SNCM et de tout son écosystème :
« Lors du Conseil du 12 Mai, les représentants de Transdev proposerons l’éviction de Marc Dufour et son remplacement par un homme “du sérail”. Il s’agit du Secrétaire Général de Transdev Jérôme Nanty. Les deux premières tentatives ont échoué, la prochaine pourrait être la bonne. Le vote des trois représentants de l’État, au Conseil, sera déterminant. S’ils s’abstiennent, l’actuel président sera évincé. Dans ce cas, cela voudra dire que l’État soutien la solution d’une SEM (Société d'économie mixte, NDLR) et par là même, la fin de la SNCM ».
La lettre aux députés de Marc Dufour et Gérard Couturier
« Madame, Monsieur le Député,
Nous choisissons aujourd'hui de vous interpeller directement parce que la survie de la Compagnie maritime SNCM se joue dans les jours qui viennent.
Notre entreprise s'est engagée dans un plan de transformation sans précédent à travers un projet industriel ambitieux qui s'appuie sur une stratégie d'investissement, une adaptation négociée des effectifs et surtout un refus catégorique des logiques de déclin.
Cette action de redressement ne doit pas être stoppée par des contentieux européens exigeant le remboursement à l'Etat français par l'entreprise d'un montant cumulé de 440 millions d'euros portant sur des périodes supérieures à 10 ans et sur des dispositifs en leurs temps validés par toutes les instances compétentes.
Une application dogmatique des jugements européens de première instance pourrait amener la SNCM à un dépôt de bilan aux conséquences sociales catastrophiques, alors que des solutions existent pour éviter ce drame.
La Commission des Affaires Européennes de l'Assemblée Nationale vient de produire un rapport précis qui propose des solutions concrètes conformes au Droit et respectueuses de l'entreprise. Cette première étape doit être concrétisée par la mobilisation de chacun d'entre vous afin que ces préconisations soient prises en compte par l’État et les actionnaires de la SNCM.
La nouvelle SNCM n'est plus l'entreprise dont parlent trop souvent ceux qui ne la connaissent pas. Elle intéresse des investisseurs européens de renom qui adhèrent au projet et qui ont besoin d'être rassurés sur le traitement des contentieux avec la Commission Européenne pour s'engager plus avant.
Notre mobilisation exprime une confiance dans notre capacité collective à résoudre une question moins compliquée qu'il n'y paraît et qui ne nécessitera, en aucune manière, de mobiliser l'argent des contribuables.
La SNCM demande de la justice et elle remplira son devoir d'équilibre économique au service de la desserte de la Corse et des pays du Maghreb afin de démontrer qu'il existe une voie pour concrétiser une nouvelle manière d'entreprendre et de réussir dans le respect ds personnes et des territoires.
Merci pour votre aide et votre soutien »
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