Tunisie : Grande manifestation de l’opposition, l’Assemblée Constituante suspend ses travaux
Par jcsPublié le
Mardi, Mustapha Ben Jaafar, président de l’Assemblée Nationale Constituante tunisienne, a annoncé la suspension des travaux de l’Assemblée. Dans le même temps, 40 000 personnes manifestaient à Tunis pour réclamer la chute du régime.
La crise politique que traverse la Tunisie a pris un nouveau tour depuis hier. L’opposition avait mobilisé en masse à Tunis, où 40 000 personnes ont réclamé la démission du gouvernement.
Nombre de manifestants brandissaient des portraits des opposants Chokri Belaïd, tué le 6 février et de Mohamed Brahmi, assassiné le 25 juillet. C’est ce récent assassinat politique qui a déclenché la crise actuelle.
L’opposition accuse le parti islamiste au pouvoir, Ennahda, d’être à l’origine de l’élimination de Mohamed Brahmi. Les manifestations se succèdent depuis le 25 juillet, et l’opposition est décidée à faire tomber le gouvernement et à provoquer la dissolution de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC)
Mustapha Ben Jaafar, le président de l’ANC, a accordé un premier signal envers les opposants, en suspendant les travaux de la Constituante jusqu’à ce qu’un “début de dialogue” soit établi entre le pouvoir et l’opposition.
Mustapha Ben Jaafar est membre du parti laïque de centre gauche Ettakatol, qui, fait partie de la coalition qui gouverne aux côtés d’Ennahda. “J’appelle tout le monde à participer au dialogue”, a-t-il insisté hier soir, lors d’une intervention à la télévision.
L’opposition a salué la décision du président de l’ANC, tout en la jugeant insuffisante. Quant à Ennahada, elle observe là une nouvelle fissure dans la coalition.
Ettakatol, peu après l’assassinat de M. Brahmi, s’était déjà prononcé pour la démission du gouvernement et la mise en place d’un cabinet d’union nationale. La demande avait été rejetée par Ennahda, sans pour autant qu’Ettakatol quitte la coalition.
La semaine dernière, le parti islamiste affirmait que le gouvernement assumerait ses fonctions “jusqu’au bout”, tout en annonçant de nouvelles élections législatives pour décembre.
Rached Ghannouchi, dirigeant d’Ennahda assurait également que “l'ANC est une ligne rouge car elle est la source de la légitimité.” L’annonce faite hier par le président de l’ANC vient donc en contradiction avec les positions d’Ennahda.
Pour l’heure, le pays reste dans l’impasse, car d’un côté, l’opposition met la démission du gouvernement pour préalable à toute discussion, et d’un autre côté, la formation islamiste exclut cette option.
“Le début de dialogue” demandé par Mustapha Ben Jaafar semble pour l’heure condamné à l’échec, plongeant un peu plus la Tunisie dans la crise.