Manifestation en réaction à l'agression de femmes à Hassi Messaoud en 2010. (DR)

Algérie : les femmes se mobilisent contre la violence dont elles sont victimes

L’Observatoire des violences faites aux femmes (OVF) organise ce jeudi 8 mars, journée internationale pour les Droits des Femmes, un rassemblement à la Grande-Poste, au cœur d’Alger, à 13 heures, pour dénoncer les violences faites aux femmes. Celles-ci rendent par ailleurs hommage à Nassima Messaoudi, atrocement assassinée et mutilée au mois de décembre dernier par son mari dans le quartier algérois de Kouba. Les membres de l’Observatoire envisagent de mobiliser un collectif d’avocats « en vue de soutenir la famille de la victime et de veiller à ce que justice soit rendue ».

Confrontées depuis des décennies à toutes les formes de violence, les femmes algériennes ont décidé de se mobiliser davantage pour dénoncer ces pratiques souvent impunies et qui se font au vu et au su de la société et des autorités. En 2010, et après l’agression contre les travailleuses à Hassi Messaoud, dans le sud du pays, une trentaine d’associations ont crée un collectif Solidarité.

« Mais nous n’avons pas su comment avancer alors que nous étions convaincues qu’il y aurait d’autres violences. Et on a réfléchi à une instance pour avancer dans la réflexion. Par ailleurs, Il y a eu d’autres cas de violence sans que les autorités décident de prendre sérieusement le problème en charge. On a donc dû réfléchir à la création d’une instance de veille, même informelle. Instance qui a été créée en 2010 », explique Cherifa Khaddar, porte-parole de l’Observatoire des violences faites aux femmes. Les membres du mouvement ont voulu par la suite demander un agrément, démarche qui n’a évidement pas abouti.

« On a réfléchi à la rédaction d’une charte de principe de l’Observatoire des violences faites aux femmes. La charte a été finalisée au mois de février dernier… Les modifications du code de la famille ne sont pas en conformité ni avec la Constitution algérienne ni avec les conventions internationales », ajoute Cherifa Kheddar. Elle précise par ailleurs que les femmes n’ont pas été associées à un quelconque programme officiel concernant les violences faites aux femmes.

L’adhésion à l’observatoire ou à l’instance de veille se fera sous condition de souscription à la charte. Les objectifs de celle-ci s’articulent autour d’un plaidoyer pour que le pouvoir législatif se conforme à la convention internationale sur l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes qu’il a ratifiée.

Le texte de la charte sera distribué et mis en ligne pour une souscription et pour être membre de l’Observatoire. Cette procédure permettra par ailleurs de créer officiellement l’Observatoire, organe de lutte contre les violences faites aux femmes.