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Bosnie: Le général de l'armée Jovan Divjak retrouve la liberté

L'ambassadeur de Bosnie-Herzégovine à Vienne a enfin confirmé la nouvelle tant attendue : "Le célèbre général de l'Armée bosniaque, le Belgradois Jovan Divjak est sorti de prison et se promène dans l'enceinte de l'ambassade".

Divjak a retrouvé la liberté grâce à une caution, mais personne ne sait encore de quelle somme il s'agit. Selon l'ambassadeur, le Canton Sarajevo a donné tout l'argent nécessaire pour que le général de 78 ans, ne supporte plus sa terrible condition.

Victime d'incroyables erreurs et de tergiversations diplomatiques , le célèbre général a été arrêté le 3 mars à l'aéroport de la capitale autrichienne, sur la base d'un mandat d'arrêt international émis par Belgrade pour de prétendus "crimes de guerre" qu'il aurait commis.

Malgré les explications de Michael Spindelegger, le ministre autrichien des affaires étrangères, qui  dénonçait le non-sens du mandat, les autorités serbes ont demandé l'extradition du général bosniaque, en Serbie. Alors que pendant ce temps, le criminel de guerre et génocidaire, général Mladic jouit toujours d'une liberté totale et qu'il est quasiment certain de ne pas être un jour  confronté à la justice internationale.

L'histoire de Jovan Divjak est la suivante: en 1992 Divjak, un Serbe de Serbie, bien qu'ayant dirigé le secteur militaire de Sarajevo comme officier de la JNA, passe aux côtés des populations attaquées et devient le commandant de l'armée bosniaque. Cette armée bosniaque, malgré  les clichés ethniques n'est pas et n'a jamais été jamais exclusivement musulmane mais l' armée de tous ceux qui  ont souhaité un état commun et libre.

Ainsi, le Général Jovan Divjak n'a pas suivi la voie de son collègue Mladic, un Bosniaque (orthodoxe) de naissance, monté à Palé pour servir de guide aux nationalistes de Karadzic.

Jovan Divjak a toujours été à Sarajevo. Il n'a pas participé à la meurtrière bataille pour la Krajina, arrêtée par une  stupide commande aux portes de Banja Luka, maintenant capitale de la République Serbe dont le maire, Dragoljub Davidovich a récemment débité tant de mensonges grossiers, devant le Sénat français, concernant les réfugiés et la situation de la ville.

Jovan Divjak ne s'est pas non plus battu en Bosnie centrale. Le courageux général avait organisé l'armée naissante qu'il a  construite avec des volontaires sans armes, devant les forces de la cinquième armée mondiale, que fut JNA. Il a affronté les franc-tireurs et toutes sortes de milices paramilitaires, "expertes en nettoyage ethnique".

Jovan Divjak a été le témoin de terribles exterminations de civils innocents, qui depuis la nuit des temps avaient pourtant toujours vécu ensemble et en paix, dans cette Jérusalem européenne, qui est Sarajevo.

Après Dayton, en désaccord avec les politiciens,  il s'est éloigné en 1995 , se consacrant de toutes ses forces à l'humanitaire en direction des orphelins de Sarajevo.

Jovan Divjak a renoncé à tant de décorations et d'honneurs  dans l'unique but d'une Bosnie-Herzégovine entière, citoyenne, multinationale et multi-religieuse. Il a compris que c'est sa base et raison d'être depuis le 9ème siècle de notre ère.

Le grand Jovan Divjak est aujourd'hui  libre mais tout de même assigné  à résidence. Les autorités de Belgrade se sont abstenus de commenter "son cas". Mais à Sarajevo les citoyens ont manifesté tous les jours. Aujourd'hui ils sont soulagés, mais inquiets pour leur général.

Djana Mujadzic