Marseille: le président du Conseil général, Jean-Noël Guérini, officiellement mis en examen
Par N.TPublié le
La nouvelle était attendue, mais elle a tout de même fait l'effet d'une bombe. Baron de la politique locale jusque-là indélogeable, craint et courtisé, le socialiste Jean-Noël Guérini a été officiellement mis en examen jeudi 8 septembre à Marseille dans une affaire de marchés publics présumés frauduleux, a indiqué son avocat, Patrick Maisonneuve.
M. Guérini, qui est sénateur et président du conseil général des Bouches-du-Rhône, a été mis en examen pour des faits de prise illégale d'intérêts, de trafic d'influence et d'association de malfaiteurs avec son frère Alexandre en vue du trafic d'influence et du recel de trafic d'influence.
La justice entend se pencher sur les relations troubles qu'il entretient avec ce frère, entrepreneur, mis en examen et un temps placé en détention provisoire dans le même dossier. Dans la convocation pour première comparution qu'il a envoyée à M. Guérini, le juge Duchaine pointe "la satisfaction d'un intérêt familial, fraternel et affectif pour lui-même et économique pour son frère" et une tolérance pour "les immixtions sans titre d'(...) Alexandre dans le règlement d'affaires relevant (...) du département à des fins de clientélisme".
La mise en examen vise une série de faits: cession, de manière camouflée, par le conseil général, d'un terrain au profit d'Alexandre Guérini, recrutement d'un avocat ami pour aider son frère à régler un conflit, destruction de disques durs à la veille d'une perquisition. Le 27 avril 2009, lors d'une conversation téléphonique "tenue en langue corse dans un souci supposé de discrétion", dit-on, mais écoutée par les gendarmes, Jean-Noël Guérini demande à son frère de "faire attention au bureau" et de "tout débarrasser". Puis, en novembre, il demande à son directeur de son cabinet de détruire les disques durs de proches collaborateurs avant une perquisition.
L'avocat de Jean-Noël Guérini a d'emblée placée l'affaire sur le terrain politique. "C'est le seul à être mis en examen pour association de malfaiteurs, ce qui est un non-sens juridique. C'est le signe qu'on a décidé d'abattre politiquement cet homme", a-t-il commenté, annonçant qu'il allait demander le désaisissement de la justice marseillaise. "Nous allons contester la mise en examen de Jean-Noël Guérini dès demain [vendredi] devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence", a-t-il dit.
Le premier secrétaire du PS par intérim, Harlem Désir, a appelé Jean-Noël Guérini à "se retirer du PS et de toutes ses fonctions et responsabilités". "Cette mise en examen doit marquer la fin du système Guérini", a-t-il dit dans une déclaration à la presse.
"Je me mets en congé du PS pour ne pas gêner mes camarades" au moment crucial de la primaire, a déclaré de son côté Jean-Noël Guérini à sa sortie du tribunal. Pour le conseil général, "je délègue temporairement une grande partie de mes prérogatives à mon premier vice-président. Pour autant, je ne démissionne pas de la présidence, je reste le pilote et garant de la politique suivie", a-t-il ajouté.
L'affaire Guérini tombe plutôt mal pour le parti socialiste engagé dans des primaires pour désigner son candidat à la présidence de la République. Ceci, après l'incroyable affaire DSK, véritable coup de tonnerre dont le PS se relève à peine. Ce nouveau rebondissement juridique dans le camp de la gauche est par ailleurs pain béni pour la droite qui attend d'en récolter les bénéfices auprès de l'opinion.