Maroc: la violence faite aux femmes mobilise la société civile et des parlementaires
Par N.TPublié le
Le Collectif "Printemps de la dignité" mobilise une dizaine d'associations et de défense des droits de l'Homme appellant à l'adoption de textes qui criminalisent les actes de violence dont sont victimes les femmes. Un projet de loi définissant les différentes formes de violences conjugales a été déposé en 2010 devant le Parlement marocain, mais il n'a toujours pas été adopté par les députés.
Une chaîne humaine de solidarité formée de plus de 350 femmes marocaines et étrangères et qui s'est étendue du parlement jusqu'au ministère marocain de la Justice et des Libertés, a été organisée samedi 8 décembre à Rabat.
Selon les organisateurs, "le Code pénal marocain doit désormais incriminer toutes sortes de violences exercées contre les femmes. Sachant que la permissivité au niveau pénal laisse le champ libre aux sévices et traitements dégradants à l'encontre des femmes ".
A noter que l'Observatoire marocain des violences faites aux femmes a recensé, dans son bilan 2011 présenté jeudi à Casablanca, 47.587 actes de violence à l'encontre de 5.245 femmes. La ministre marocaine des Femmes, de la famille et du développement social, Mme Bassima Hakkaoui, avait déclaré que quelques 6 millions de femmes sont victimes de violences au Maroc. Cela signifie qu'une femme marocaine sur trois subit en silence son quotidien de violence.
Le rapport rendu public par le quotidien marocain arabophone "Akhbar Al Yaoum" de vendredi 7 décembre, précise que pendant l'année 2011, le nombre de cas de femmes victimes de violences s'est inscrit en hausse avec 9.955 nouveaux cas par rapport à l'année précédente.
La manifestation de samedi à Rabat intervient dans le cadre de la campagne internationale de lutte contre toutes les formes de violence à l'égard des femmes et en commémoration de la journée mondiale de lutte contre la violence du genre (25 décembre). Elle intervient également une semaine après l'organisation d'un sit-in national, à Rabat, pour demander l'adoption de textes contre toutes les formes de harcèlement sexuel à l'initiative de l'association " L'Espace pour l'Avenir", relevant de la Fédération de la ligue démocratique des droits de la femme (FLDDF).
Réalisée par le Haut Commissariat au Plan (HCP), institution marocaine de prospective, d'analyse et de prévision économique, en charge du système national de production statistique, cette enquête conclut que 62,8% des femmes (soit 6 millions sur une population de 9,5 millions de femmes âgées de 18 à 64 ans), ont été victimes d'un acte de violence sous une forme ou une autre.
Samedi, la coordinatrice de la coalition "Printemps de la dignité", Mme Asmae Mehdi, a expliqué que l'organisation d'une chaîne humaine a pour but d'interpeller les décideurs par rapport aux lois discriminatoires vis-à-vis des femmes, dans un contexte de réforme de la justice pénale.
Le consul honoraire des Philippines au Maroc, M. Porto Joselito, a dénoncé de son côté, lors d'une conférence de presse tenue par l'Organisation Démocratique des Travailleurs Immigrés au Maroc (ODTIM), affiliée à l'ODT, un réseau spécialisé dans la traite de domestiques philippines au Maroc et révélé que le Royaume compte « près de 3.000 jeunes domestiques philippines, dont la majorité d'entre elles sont victimes de mauvais traitements et d'exploitation, y compris sexuelle»