Algérie: les vieux reflexes sont de retour
Par N.TPublié le
Chassez le naturel, il revient au galop... A l’approche d’échéances politiques capitales pour le pays, l’administration renoue avec ses vieux reflexes d’interdire tout ce qui peut l’être. Un parti de la mouvance démocrate, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), vient de se faire signifier l’interdiction de la tenue de sa convention régionale prévue pour le week-end à Ghardaïa (sud). Laquelle convention s’inscrit dans le cadre de sa campane pour une "constitution pérenne."
Cette interdiction soulève beaucoup de questions. S’agit-il d’un acte isolé, commis par une administration locale zélée, ou d’une stratégie planifiée centralement qui vise à empêcher toute activité politique ‘subversive’ ?
Cette interdiction vise-t-elle exclusivement le RCD ou est-ce qu’elle vise à favoriser un camp au détriment d’un autre ?
Le but recherché par cette mesure est-il de signifier qu’il y a des sujets sérieux – la constitution en l’occurrence- qu’il n’est pas permis aux démocrates de traiter ?
Les jours à venir apporteront certainement des réponses à toutes ces questions. Mais l’expérience du passé et le lourd passif du régime en la matière ne laissent présager rien de bon.
En effet, à chaque fois que le système traverse une mauvaise passe, comme c’est le cas en ce moment, il a su trouver dans l’hostilité à la démocratie de tous les clans qui le composent l’ingrédient fondamental pour ressouder ses rangs.
Tout le monde a fini par comprendre que l’ennemi héréditaire du système est la démocratie : la haine du démocrate est la chose la mieux partagée par toutes ses composantes.
Même si les impératifs du moment l’ont obligé à ‘faire avec’ les démocrates, comme lors de la déferlent terroriste qui a failli emporter le pays. Mais il a toujours veillé à en faire des sous-traitants de second degré, envers lesquels la méfiance était de rigueur.
Aujourd’hui, le retour des vieux reflexes d’interdiction des activités des partis de la mouvance démocrate ne surprend presque plus.
Dans un contexte de marqué par la paralysie des partis-Etats, le système ne pouvait quand même laisser les démocrates occuper, seuls, le terrain ! Les interdits qui commencent à frapper les activités de ces derniers sonnent comme des mesures ‘correctives’ en attendant que le FLN et le RND règlent leurs problèmes internes et songent à se déployer sur le terrain pour assurer la service après-vente des options du système.
Ces deux partis et leurs clones, créés pour mieux polluer le scène politique, bénéficient de tous les moyens de l’Etat. Il ne viendrait à la tête de personne d’imaginer l’interdiction de la moindre activité qu’ils mènent. Au contraire, la plus banale de leur réunion organique est largement couverte par les médias lourds, la Télé en tête.
En ce sens, ces interdits sont appelés à se répéter et leur rythme s’intensifier dans les semaines et les mois à venir. Car dans les besoins des batailles politiques qui s’annoncent, le harcèlement des forces du camp démocrate ne doit pas connaitre de répit. De la sorte, on continuera à parler du courant démocrate comme étant ultra minoritaire dans la société. Pour renvoyer aux calendes grecques la solution démocratique à la crise pluridimensionnelle dans laquelle est plongée la société algérienne.
Mais en agissant de la sorte, le système prouve qu’il est un mauvais élève qui ne retient jamais les leçons. Car il ne suffit pas d’empêcher l’opposition démocratique d’activer pour faire disparaitre ces aspirations dans la société. Sinon, l’humanité n’aurait pas besoin d’inventer les sciences médicales : il suffit de casser le thermomètre chaque fois qu’il indique des températures élevées.
S’il y a de plus en plus d’Algériens qui accordent aux solutions proposés par les démocrates l’attention qu’elles méritent, malgré l’isolement médiatique et la diabolisation dont ils victimes, c’est que le système est arrivé à ses limites historiques et ses propositions n’intéressent plus grand monde.
De leur coté, les démocrates auront tort de considérer que l’interdiction de la convention du RCD ne concerne que le RCD. Ils ont intérêt à s’unir pour empêcher l’emballement de la machine répressive. Il y va de la survie du courant démocrate.