Grèce: délabrement accéléré du secteur de santé, les toxicomanes à l'abandon
Par yazPublié le
En Grèce, le secteur public de santé est durement frappé par la crise, exposant dangereusement les plus faibles, dont les toxicomanes. Les dépenses ont été réduites de 36% et le gouvernement envisage des restrictions supplémentaires.
Les hôpitaux au bord de l'asphyxie resserrent les commandes, revoient les actes chirurgicaux à la baisse et se concentrent sur les urgences. Les toxicomanes sont les premiers à pâtir de ces effets directs de la crise.
Les ONG craignent de voir la consommation de drogue monter en flèche dans les catégorises sociales en difficulté, notamment chez les jeunes. Plus de la moitié des moins de 25 ans (52,1 %) étaient sans emploi au mois de mars, selon les chiffres communiqués par Eurostat.
Selon une estimation du Centre grec pour l'étude et la surveillance des drogues, en 2010, l'année du déclenchement de la crise de la dette, le nombre d'utilisateurs d'héroïne aurait augmenté de près de 20 %, passant de 20 200 à 24 100 personnes. Dans le même temps, les structures permettant d'aider ces toxicomanes ont vu leurs crédits fondre, rapporte Le Monde.
Les infections par le virus du sida en hausse de 57 %
Selon la même source, dans une lettre adressée au magazine The Lancet à l'automne, une équipe de chercheurs britanniques s'alarmait de voir "les coupes budgétaires en 2009 et 2010 [aboutir] à la disparition d'un tiers des programmes d'aide dans les rues ; une étude menée auprès de 275 toxicomanes à Athènes en octobre 2010 a montré que 85 % d'entre eux n'étaient pas inscrits dans un programme de réinsertion. De nombreuses nouvelles infections au VIH sont également liées à une hausse de la prostitution (et aux pratiques sexuelles à risque qui lui sont associées)".
Alors que l'Organisation mondiale de la santé recommande la distribution de 200 seringues propres par toxicomane et par an pour limiter les infections par le VIH, la Grèce n'en a distribué que trois l'an dernier, selon le Centre héllenique pour le contrôle des maladies infectieuses.
Le nombre d'infections par le virus du sida a augmenté de 57 % par rapport à 2010, selon le Centre. Ce taux de contamination est particulièrement élevé parmi les toxicomanes utilisant des seringues de seconde main. L'an dernier, il était 15 fois supérieur à celui de 2010.
Médecins sans frontières attribue par ailleurs l'augmentation sensible de malades du sida dans le centre-ville d'Athènes à la suspension des programmes d'échange de seringues dans la capitale.