Chypre devra sacrifier ses banques pour éviter la banqueroute
Par yazPublié le
Les gros épargnants devront accepter des sacrifices importants pour sortir les banques chypriotes du marasme. Entre 30 % et 40 % des économies de ces « gros comptes » seront ponctionnées afin de lever 4,2 milliards d’euros.
C’est au cours d’un discours télévisé que le président chypriote, Nicos Anastasiades, a présenté l’accord conclu avec la Troika (Union Européenne, BCE, et FMI). « Des décisions douloureuses pour sauver le pays de la faillite », a-t-il annoncé. Un accord qui prévoit, en plus des restructurations dans le secteur bancaire, des privatisations et une hausse des impôts sur les sociétés (qui passeraient de 10% à 12,65%). De son côté, l’Eurogroupe, qui versera une aide de 10 milliards au pays, attend aussi des mesures fermes contre le blanchiment des capitaux.
La Laiki Bank sera démantelée
Le plan de sauvetage entériné par l’Europe prévoit la fermeture de la deuxième banque du pays, la Laiki Banque. Celle-ci sera en partie reprise par Bank of Cyprus, en tout 9 mds d’euros, ce qui représente le montant global des prêts et dépôts inférieurs à 100 000 euros. Le reste des dépôts sera transféré dans une "bad bank" qui servira à couvrir les dettes de la banque Laiki. Les détenteurs de ces comptes ne reverront qu'une maigre partie de leurs avoirs, car le plan de sauvetage prévoit que 30% à 40 % de leur épargne servira aux opérations de recapitalisation de la banque défaillante.
Tous les établissements fermés jusqu’à jeudi
Les nombreux Chypriotes qui attendaient la réouverture des établissements bancaires perdent patience, surtout depuis la décision de prolonger leur fermeture jusqu’à jeudi. Cette fermeture qui dure depuis 11 jours déjà, pose de sérieux problèmes aux ménages qui se retrouvent dans l’impossibilité de payer leurs factures, mais aussi aux entreprises qui tournent au ralenti, obligées de régler en liquide leurs fournisseurs.
Cette décision de la fermeture des banques a été prise afin d’éviter toute fuite de capitaux. Toutes les transactions bancaires restent gelées, et les opérations de change sont soumises à un contrôle strict. La BCE continuera cependant à fournir des liquidités à la Banque centrale chypriote en cas de besoin.
Des mesures prises dans l'urgence mais qui n’empêcheront pas le chaos
Les banques à Chypre représentent le tiers de la richesse nationale. L’économie de l’île, déjà fragilisée par la crise de 2008, a subi de plein fouet les conséquences de la crise grecque. Avant la crise des subprimes de 2008, la croissance était forte (environ 4 %), mais elle a subitement chuté à partir de 2009, sans que la tendance ne s’inverse depuis… On estime aujourd’hui que le pays subira une récession de 5% voire de 10 %. Du coup le chômage explose, et les prévisions sont pour le moins pessimistes, avec un taux de chômage qui pourrait atteindre les 28 % à l’horizon 2014, exactement comme en Grèce.
Avec cette crise, c’est le moteur de l’économie chypriote qui se retrouve grippé. L’ile réputée pour blanchir l’argent à tour de bras devra trouver d’autres débouchés pour se relever. Sur ce point, les recommandations de ses pourvoyeurs de fonds (Eurogroupe & FMI) restent floues.