11% des Français ayant des parents natifs de France sont au chômage, contre 29% des descendants d'immigrés d'Afrique, selon l'INSEE... (DR)

France : les descendants d’immigrés laissés-pour-compte sur le marché de l’emploi, selon l’INSEE

L'étude "Immigrés et descendants d'immigrés en France" de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), publiée ce mercredi 10 octobre, révèle sans surprise l’exclusion de cette catégorie de la population, confrontée notamment aux discriminations à l’embauche.

Selon l’INSEE, les descendants d'immigrés d'Afrique sont trois fois plus au chômage que les Français de souche. Un écart dû au niveau de diplôme, à l'origine sociale et au lieu de vie, indique l’organisme qui classe toutefois le facteur évident de la discrimination raciale au chapitre des causes « inexpliquées », contribuant ainsi à semer la confusion, alors que les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Ainsi, cinq ans après leur sortie du système scolaire, 11% des Français ayant des parents natifs de France sont au chômage, contre 29% des descendants d'immigrés d'Afrique, notent les auteurs de l'étude.

Parmi ceux ayant un emploi, 74% des Français de souche ont un contrat à durée indéterminée (CDI) contre 67% des fils et filles d'Africains, constatent-t-ils.

30% des descendants d’immigrés sans diplômes…

La première raison est liée au diplôme : 30% des descendants d'immigrés d'Afrique sortent du système scolaire sans diplôme ou avec au mieux le brevet des collèges, deux fois plus que les enfants de natifs.

Quant aux difficultés à l'école, elles s'expliquent par "leurs origines sociales nettement plus populaires": 58% d'entre eux ont un père ouvrier (contre 26% pour les descendants de natifs).

Les filles d'origine tunisienne ou marocaine décrochent cependant davantage le baccalauréat que les Françaises de souche.

Les critères sociaux expliquent 61% des écarts…

Les auteurs de l’étude reconnaissent que les critères sociaux n'expliquent que partiellement la différence dans l'accès à l'emploi (au moins 61%). Le reste qui relève évidement de la discrimination raciale est qualifié « d’inexpliquée » par l’INSEE.

Pourtant, les descendants d'immigrés invoquent sans cesse, souvent preuve à l'appui, les discriminations liées à l'origine ou la couleur de peau. Sur la seule région Ile-de-France, 18% des descendants d'immigrés rapportent avoir subi des discriminations dans l'emploi, contre 12% de la population majoritaire, selon l'Insee.

En septembre, la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) notait que les enfants d'immigrés maghrébins déclaraient plus souvent "un refus injuste de promotion" (15% contre 7%).

Les descendants directs d'immigrés sont 6,7 millions soit 11% de la population globale. "La France est parmi les pays où la deuxième génération est la plus présente", souligne l'Insee, expliquant cette particularité par l'ancienneté des migrations de travail et les liens avec les anciennes colonies.