Les dessous d'une information de Midi Libre à charge contre les supporters du MHSC
Par nicolas éthèvePublié le
« Ils sont doublement choqués : choqués par la violence policière dont ils ont fait l'objet avant et après le début du match de Ligue des Champions opposants le MHSC à Olympiakos ; et choqués par le traitement médiatique de ces incidents qui dans leur grande majorité, Midi Libre en tête, indique que ces violences ont été générées par les supporters montpelliérains qui auraient ''fait sauter plusieurs bombes agricoles dans les tribunes'' ». C'est ce que nous vous indiquions le 7 novembre, à midi, sur Médiaterranée Languedoc-Roussillon, suite à la violence policière « disproportionnée » dont ont été victimes les Montpelliérains, juste avant le début du match opposant le MHSC, la veille, au stade d'Olympiakos.
Et depuis, que s'est-il passé ? Dans un nouvel article publié l'après-midi du 7 novembre sur ce sujet, Midi Libre qui avait la veille pris fait et cause, comme l'immense majorité des médias, pour la version des policiers grecs selon laquelle leur « intervention » violente avait été provoquée par l'explosion de « plusieurs bombes agricoles dans la tribune » occupée par le MHSC, titre sur ceci : « Un supporter du MHSC arrêté pour jet de fumigènes ». En soulignant, ce qui est un fait établi, que cette personne était interdite de stade. Mais en ne précisant pas, sans doute faute d'information, que selon les supporters, son entrée a été autorisée par un RG français qui était positionné à l'entrée du stade et savait que ce jeune homme de 20 ans n'était pas autorisé à entrer dans une telle enceinte sportive, ce que les services des renseignements généraux démentiront bien évidemment.
« Racontez-nous ce que vous avez vu »
Dans la foulée, Midi Libre partage cet article sur sa page Facebook en l'assortissant de cette question : « Vous avez assisté au match ? Racontez-nous ce que vous avez vu... » Une question plutôt étrange, Médiaterranée Languedoc-Roussillon ayant déjà diffusé deux témoignages qui auraient pu être cités par le grand quotidien régional, tout comme l'interview diffusée la veille au soir sur RMC Sports, qui reste à notre connaissance, le seul média à avoir également donné la parole aux supporters montpelliérains concernant les incidents survenus en Grèce.
Le lendemain, on pouvait donc s'attendre à découvrir des témoignages de supporters montpelliérains dans les colonnes de Midi Libre en attaquant la lecture de son nouvel article intitulé « Les dessous de l'affrontement entre fans du MHSC et policiers grecs ». Ce fut bien le cas, dans ce passage : « Ces violences policières sont inacceptables, c’est scandaleux, réagit un supporter. Il y a eu un bras cassé, un traumatisme crânien, les femmes et enfants ont aussi été visés... Comment peut-on justifier autant de violence ? ».
Mais pour le reste, l'information est à nouveau à charge, contre les supporters du MHSC. Alors que ces derniers assurent depuis le début qu'ils n'ont pas jeté de pétards (ou « bombes agricoles, selon les médias), ni de fumigènes avant d'être violemment chargés par la police grecque, Midi Libre cite ainsi « un responsable de la sécurité du Montpellier Hérault » : « une bombe agricole et un fumigène ont été lancés et ça a dégénéré ».
Une confusion d'information pour Midi Libre
Problème : contacté par Médiaterranée Languedoc-Roussillon, ce responsable de la sécurité du MHSC interviewé par Midi Libre explique formellement qu'il n'était pas présent lors de la première charge, qu'il ne pouvait pas témoigner de l'évènement déclencheur de ces graves violences policières et ne l'avait pas fait auprès de Midi Libre. Voici ce qu'il nous a notamment déclaré : « Quand il y a eu le premier incident, j'étais au rez-de-chaussé à l'endroit des fouilles. J'étais présent au deuxième incident, alors que nous essayions de nous interposer. C'est à ce moment là qu'il y a eu à mon avis, mais je ne suis sûr de rien, même si j'étais là, deux gros pétards (ou deux bombes agricoles) qui ont pété. A ce moment-là, les forces de l'ordre qui étaient dans notre dos ont chargé pour la deuxième fois. On ne s'y attendait pas, parce qu'on était en train de parlementer pour que tout se calme, mais on ne s'attendait pas non plus à ce que deux trucs explosent. (…) Je ne sais pas comment tout ça a démarré, puisque je n'étais pas à cet endroit-là, comme le second responsable de la sécurité pour le MHSC. Quand je suis arrivé, il y avait déjà eu un incident très grave, parce qu'il y avait manifestement des blessés ».
Grosse confusion sans doute, donc, entre intervieweur et interviewé... C'est ce que pense le second et ce qui ressort des explications apportées par le journaliste de Midi Libre à Médiaterranée Languedoc-Roussillon en indiquant qu'il était sûr, de mémoire, que le responsable de la sécurité lui avait tenu les propos retranscrits dans le quotidien régional.
Une production médiatique massivement défavorable
Ce qui reste cependant ennuyeux, c'est que l'article de Midi Libre est fondé sur cette erreur de communication pour réaffirmer la seule thèse qui est évoquée depuis le début par le quotidien dans ce dossier, à savoir celle d'une action policière violente qui serait générée par un comportement des supporters répréhensible ainsi résumé dès l'introduction du papier : « De violents affrontements ont opposé, mardi à Athènes (Grèce), des fans du MHSC et des policiers grecs lors du match de football Olympiakos-MHSC. La situation a ensuite dégénérée après que des supporters montpelliérains ont lancé une bombe agricole et un fumigène. Les coups de matraque se sont mis à pleuvoir. »
Cet article souligne cependant bien cette fois-ci, comme Médiaterranée Languedoc-Roussillon l'avait fait auparavant, que cette violence policière était sans doute disproportionnée du fait du climat social actuellement très tendu en Grèce. Une hypothèse que formule également le responsable de la sécurité du MHSC avec lequel nos deux médias se sont entretenus.
« Ni blessés, ni arrestations »
L'erreur est humaine, surtout dans le journalisme qui n'est pas une science exacte. Mais celle-ci s'inscrit malheureusement dans une production médiatique trop souvent à charge pour les Ultras, comme le montre bien le traitement journalistique (ou le non-traitement) de l'affaire Casti, ainsi que la revue de presse des événements vécus par les supporters montpelliérains à Athènes. En voici juste un exemple avec cet extrait de dépêche AFP largement repris dans les médias de France et de Navarre comme ici le 6 novembre par Le Parisien ou là, le 8 novembre, par France 3 Languedoc-Roussillon : « Les violences ont débuté quand des supporteurs français, qui pénétraient dans le stade, ont lancé une fusée sur la police, postée pour séparer les fans des deux équipes. Les policiers sont alors intervenus et les échauffourées ont duré une dizaine de minutes. Il n'y a eu ni blessés, ni arrestations. »
Pas étonnant, dans ce contexte médiatique, que les Ultras demandent depuis hier aux « médias » de « faire preuve de retenue dans leur interprétation des faits jusqu’à la conférence de presse » qu'ils organiseront ce « dimanche 11 novembre en préambule du match contre le Paris Saint-Germain » joué à 21 h, à La Mosson. Cette demande collective est formulée dans un communiqué rédigé par un supporter montpelliérain présent au stade d'Olympiakos. Un témoignage que nous diffusons ci-dessous in extenso...
Olympiakos-MHSC : Une fête gâchée
« A l’occasion du déplacement du Montpellier Hérault mardi 6 novembre 2012 des incidents ont eu lieu dans le stade Karaïskaki de l’Olympiakos au Pirée à Athènes. Nous avons lu dans différents médias des versions de ces incidents toutes aussi différentes que farfelues et ne relatant en rien ce que nous avons vécu ce soir là.
Nous, ultras pailladins, nous accordons un droit de réponse pour relater notre version des faits. En préambule nous précisons que contrairement à beaucoup de médias nous étions présents au stade et notre version n’est pas issue de notre imagination débordante, ni d’une envie de vendre du papier à des lecteurs…
Vers 15h les supporters Montpelliérains (environ 134) ont commencés à se rejoindre sur une place du centre ville, à l’écart des défilés contre l’austérité, choisie en collaboration étroite avec les représentants de la Préfecture de l’Hérault présents dans la capitale Grecque.
A 17h30, heure française, et sous escorte de policiers Grecs et Français, des autocars nous ont acheminés jusqu’au stade du Pirée distant d’une dizaine de kilomètres.
A 18h, heure française soit 2h45 avant le match, les supporters ont donc été fouillés, comme à l’accoutumé, afin de pouvoir pénétrer dans l’enceinte du stade Karaïskaki.
Une fois les derniers rentrés, et que jusqu’alors aucun incident ou provocation n’était à signaler, a débuté un terrifiant déferlement de violence dont ont été victimes les supporters Français.
Alors que tout se déroulait dans le calme et que les derniers Montpelliérains allaient rentrer dans le stade en haut des escaliers qui mènent à l'étage où se trouve le secteur visiteur, 4 jeunes ont eu le malheur de monter sur un muret pour regarder les autres montpelliérains d'en haut. Un escadron de policiers est immédiatement monté à toute allure. Au lieu de leur demander de descendre ils les ont directement roués de coups, tous les Montpelliérains présents ont accouru pour leur demander d’arrêter et se sont fait matraquer à leur tour. Les Policiers grecs présents à l’étage nous ont alors encerclé et tapé dessus, n’épargnant pas les stadiers ainsi que le responsable sécurité du MHSC. Ensuite, nous avons été acculés dans l'entrée du secteur visiteur et à nouveau copieusement matraqués.
Ce n’est qu’à ce moment là, soit plus de 5 bonnes minutes après la première agression, qu’un pétard a détoné entre les pieds de policiers équipés, précisons le, d’armures intégrales, de casques à visière, de gants plombés, de masque à gaz et de matraques.
Cette détonation eu le mérite de permettre aux Montpelliérains présents en première ligne toujours sous le feu des matraques grecques de se dégager. Les forces anti-émeutes ont alors investi et quadrillé la tribune avant de se mettre en marche, nous prenant ainsi en tenaille.
Des personnes ont étés matraqués au visage, dans les cotes, ou le dos, d’autres rouées de coups alors qu’elles étaient au sol et demandaient grâce. Ce lynchage, car le mot n’est pas trop fort, a duré à nouveau plus de 5 minutes. Cela paraissait interminable, et personne ne comprenait le but recherché par les autorités grecques. Beaucoup ont craint pour leur intégrité physique.
Quand ces policiers assoiffés de violence furent enfin rassasiés et qu’ils nous observaient sourire aux lèvres nous avons commencé à nous occuper des blessés (plusieurs cranes et faces ouvertes). Les deux plus sérieusement touchées (ouverture du cuir chevelu et bras cassé) ont été conduits vers un centre médical non loin du stade où l’un ne fut pas soigné et l’autre racketté.
Pour les présents, ce match aura toujours un goût amer, non pas à cause de la défaite mais bien à cause du déferlement de violence injustifiée dont nous avons été victimes.
Nous demandons alors que par décence et respect envers les personnes blessées dans leur chair et celles marquées par un tel déferlement de violence gratuite les médias dans leur ensemble puisse faire preuve de retenue dans leur interprétation des faits jusqu’à la conférence de presse que nous comptons organiser le dimanche 11 novembre en préambule du match contre le Paris Saint-Germain. »
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