Bernadette et Jean-Michel Bissonnet.

Bissonnet, D'Harcourt et Belkacem rejouent leur procès en assises à Carcassonne

Bis repetita. Jean-Michel Bissonnet, Amaury D'Harcourt et Méziane Belkacem sont à nouveau réunis dans un tribunal pour répondre de l'assassinat de Bernadette Bissonnet, tuée le  11 mars 2008 dans sa propriété de Castelnau-le-Lez (Hérault), en Languedoc-Roussillon. Cette fois-ci, c'est devant la Cour d'Assises de Carcassonne, dans l'Aude, qu'ils doivent s'expliquer.

Tous ont été condamnés pour ce meurtre par la Cour d'Assises de l'Hérault, à Montpellier, le 10 février dernier. A commencer par son mari, Jean-Michel Bissonnet, qui s'est vu infliger une peine de 30 années de réclusion criminelle pour complicité d'assassinat.

Niant depuis le début sa participation au crime de son épouse et accusant Amaury D'Harcourt et Méziane Belkacem d'avoir organisé un complot pour lui soutirer de l'argent, Jean-Michel Bissonnet avait interjeté appel à l'issue du verdict, avant que le parquet général ne fasse de même.

Condamnés à huit ans de prison, pour Amaury D'Harcourt, et à vingt ans, pour Méziane Belkacem, ces deux accusés se retrouvent donc également à Carcassonne pour rappeler leurs versions des faits. Des versions qu'ils partagent, puisque tous deux affirment que le meurtre était commandité par le mari de Bernadette Bissonnet. Que ce soit Méziane Belkacem, le laveur de carreaux de la propriété des Bissonnet, qui a pressé la détente le soir du 11 mars 2008, ou Amaury D'Harcourt, « vieil ami de 40 ans » de Jean-Michel Bissonnet, avec lequel cet aristocrate déchu prenait plaisir à chasser, les deux sont unanimes : Jean-Michel Bissonnet voulait se débarrasser de sa femme.

En attendant la fin des débats et le jugement de la Cour d'Assises de Carcassonne attendu pour le 25 ou le 26 novembre, Jean-Marc Aubert, journaliste de l'hebdomadaire satyrique L'Agglorieuse, a accepté d'accorder une interview à Médiaterranée pour faire le point sur cette affaire qu'il a longuement traitée sur son blog*, notamment lors du procès en assises tenu à Montpellier du 17 janvier au 10 février 2011. Entretien...

Quel est l'enjeu de ce procès, selon vous ?
« Le procès Bissonnet est une des affaires les plus marquantes de ma carrière de fait-diversier. Mais j'ai la faiblesse de penser qu'un procès d'assises en appel n'est jamais trop intéressant, parce qu'à quelques mois de différence, on se retrouve avec les mêmes personnages, les mêmes accusés, les mêmes faits, les mêmes témoins,... C'est un peu redondant. D'ailleurs, ce que je remarque, c'est qu'il n'y a pratiquement pas de public à la Cour d'Assises de l'Aude depuis lundi . Alors qu'à Montpellier, c'était l'enfer, ils avaient refusé des centaines et des centaines de personnes au tribunal. Là, les bancs de la salle d'Assises sont vides. Et puis, il y a moins de journalistes qu'au premier procès : il n'y a que 22 accréditations demandées à Carcassonne, contre 80 à Montpellier... Parce que ce procès, c'est le même dossier, la même procédure... Lundi 7 novembre, à Carcassonne, l'ordonnance de mise en accusation qui avait été élaborée par les juges d'instruction de Montpellier à l'époque ou Jean-Michel Bissonnet, Méziam Belkacem et Amaury D'Harcourt avaient été renvoyés devant la Cour d'Assises, a à nouveau été lue à l'ouverture du procès... Ce sont donc les mêmes faits qui vont être jugés par douze nouveaux jurés, avec un nouveau Président, des nouveaux accesseurs comme juges et deux nouveaux avocats généraux. Au fond, entre le procès de Montpellier et celui de Carcassonne, il n'y a que deux grandes différences. La première, c'est qu'il y aura moins de témoins et moins de gendarmes associés à la procédure... Et la deuxième, c'est que le procès de Carcassonne ne durera que trois semaines, soit deux de moins qu'à Montpellier.

Et au niveau du verdict, vous pensez qu'il peut y avoir une surprise ?
Ce n'est pas impossible. Depuis 2001 et la création de la procédure d'appel pour les procès en assises, la jurisprudence montre que des accusés condamnés au premier procès, ont été acquittés au procès en appel, et vice et versa... Il y en a eu très, très peu, mais ça c'est produit : tout est toujours possible.
Dans cette affaire, c'est la personnalité du mari de Bernadette Bissonnet qui est déroutante : il est capable de tout et peut faire basculer un procès en un instant. Il peut s'énerver, perdre les pédales, comme cela s'est produit au procès de Montpellier. Mais apparemment, il a dû retenir la leçon de ses avocats, à Carcassonne, il a l'air beaucoup plus serein, beaucoup plus calme et monopolise moins la parole...

Quelle est aujourd'hui votre conviction sur cette affaire ?
Moi, je n'ai aucune conviction à donner. Sur mon blog, j'ai eu de vives réactions du clan Bissonnet qui ne cesse de dire que je fais des papiers partiaux, que je veux me payer Bissonnet, que je veux qu'il soit condamné à 30 ans encore à Carcassonne.... C'est totalement faux et ahurissant ! Tout cela vient d'un comité de soutien qu'ont créé les enfants de Jean-Michel Bissonnet : ils sont très actifs et font tout ce qu'ils peuvent pour dire que Bissonnet est innocent et le faire acquitter...
Je trouve ces attaques scandaleuses : j'ai toujours fait des papiers objectifs et impartiaux. Ce qui dérange tous ceux qui sont partis en croisade pour obtenir l’acquittement de Bissonnet en criant à l'erreur judiciaire.... Ils ne supportent pas que j'écrive ce qu'il y a dans le dossier. C'est à dire que Jean-Michel Bissonnet consultait des sites pornographiques homosexuels, par exemple. C'est quand même un élément capital, puisqu'il a toujours nié les faits et affirmé qu'il formait avec son épouse un couple uni, qu'il n'allait pas voir ailleurs, que sa femme était adorable, qu'ils avaient encore des relations sexuelles... Tout cela n'a pas plu : ça n'a pas plu que je révèle l'histoire du chien. Pourquoi ce soir-là, le chien n'était pas à la maison, mais avec Jean-Michel Bissonnet au Rotary-Club à Montpellier, alors qu'il ne l'y emmenait jamais ? Quand quelqu'un ouvrait le portail de la villa des Bissonnet, ça faisait du bruit. Et le chien se mettait à aboyer en courant jusqu'à la porte : cela voulait dire que quelqu'un entrait dans la propriété. Et bien entendu, ce soir-là, comme le scénario établi par Bissonnet pour qu'ils fassent le crime parfait, selon la version donnée par Belkacem et D'Harcourt, c'était que Belkacem rentre avec le double des clés par le portail pour déposer le fusil de chasse à l'intérieur de la propriété, qu'il ressorte et qu'il sonne à ce moment-là pour entrer en prétextant avoir oublié son téléphone portable... Si le chien avait été là, avec le bruit du portail, il aurait aboyé, Mme Bissonnet serait sortie, et le plan aurait capoté. Tout ça, c'est dans le dossier. Je l'ai dit et ça a fortement déplu, parce que depuis le début de cette affaire, il faut que l'on écrive et que l'on dise que c'est un complot, que Jean-Michel Bissonnet est innocent. A l'Agglo-Rieuse, nous avons même eu un procès en diffamation sur ce sujet ! Mais nous l'avons gagné... »

Propos recueillis par Nicolas Ethève

(*). Le blog de l'Agglo-Rieuse : http://lagglorieuse.blogspot.com