Crise de la dette: les économistes pointent du doigt la Banque centrale européenne
Par N.TPublié le
Devant la crise de la dette de la Grèce et de l’Italie qui menace de faire tache d’huile sur le reste de la zone euro, des économistes pointent du doigt la non-intervention de la Banque centrale européenne dont l’entrée en scène pourrait freiner l’envolée spéculative qui asphyxie ces Etats.
Le positionnement de la BCE en tant que prêteur de dernier recours pour les Etats en grande difficulté constituerait une parade efficace estime-t-on. Elle pourrait freiner la surenchère systématique de la part des marchés sur le front de la dette, dégager les Etats de l’emprise des agences de notation et éviterait les plans d’austérité qui plombent la croissance et la relance de l’activité pour résorber la dette.
La non-intervention de la BCE érigée en règle livre les Etats à cette spirale pernicieuse, les plaçant en position de faiblesse face à des taux de plus en plus élevés et sous la menace de la faillite.
La BCE reste en retrait au nom d’une doctrine de séparation des pouvoirs et des rôles entre l’institution financière et les gouvernements. La première se préoccupe de l’inflation, les seconds de l’équilibre budgétaire et de la gestion de la dette.
«C’est de l’idéologie ! On se refuse à monétarisé une partie de la dette, on se condamne à l’impuissance, on se lie les mains avec une doctrine qui ne tient pas la route, mais qu’on a gravée dans nos textes», commente Jean-Paul Fitoussi, directeur de recherche à l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques).
Selon lui, «en interdisant de disposer d’un prêteur de dernier recours, on s’expose, en cas de difficultés financières, aux choix suivant : soit la faillite, soit une aide mais conditionnée à une telle austérité qu’elle n’empêchera d’ailleurs pas la faillite».
«Si la BCE prenait en charge les dettes européennes, la crise s’allégerait considérablement», a déclaré pour sa part le prix Nobel d’économie Paul Krugman dans le New York Times, le 23 octobre dernier. Cette opinion serait partagée par les économistes américains Jeffrey Sachs, Kenneth Rogoff
«Sur les ruines de la guerre, les Européens ont crée des sociétés qui, sans être parfaites (…) sont sans doute les plus décentes de l’histoire de l’humanité. Et cela est menacé parce que l’élite européenne (…) arrime le continent à un système monétaire qui recrée des rigidités (…) aux allures de piège mortel», écrit également Paul Krugman dans le même article.
Les Allemands sont les premiers défenseurs du principe de la non-intervention de la BCE et ne semblent pas prêt d’y renoncer. Ils ont adopté la monnaie unique à la seule condition que l’institution reste dans ce rôle. Ils avancent l’argument de la spirale inflationniste et de la dévaluation de la monnaie qui pourrait entraîner des graves conséquences, à l’image du contexte des années 20 qui a favorisé la montée d’Hitler.
Cette position de l’Allemagne, pilier de la construction européenne, donne du grain à moudre aux tenants de l’Europe libérale construite en fonction de la seule logique des marchés, avec au final des situations sociales désastreuses, qui laissent sur le carreau des millions de citoyens dont le niveau de vie s’écroule au rythme des plans d’austérité.