Le pape François, défenseur des pauvres et des migrants, s’en est allé. Il avait dénoncé la "cruauté d'Israël"
Par La rédactionPublié le
Le Vatican a annoncé ce lundi 21 avril 2025 la mort du pape François, à l’âge de 88 ans. Premier souverain pontife originaire d’Amérique latine, premier jésuite à accéder au trône de Pierre, Jorge Mario Bergoglio laisse derrière lui un héritage marqué par une profonde compassion pour les plus démunis, un engagement inlassable pour la paix et une volonté de réforme d’une Église confrontée à de multiples défis.
Né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires dans une famille d’immigrés italiens, Jorge Bergoglio a d’abord envisagé une vie ordinaire avant de répondre à l’appel de la vocation religieuse. Entré chez les jésuites en 1958, il gravit les échelons ecclésiastiques dans une Argentine en proie à la dictature militaire (1976-1983). Bien que contesté pour son rôle ambigu durant cette période sombre, il affirmera plus tard avoir œuvré dans l’ombre pour sauver des vies.
Devenu archevêque de Buenos Aires en 1998, puis cardinal en 2001, il se distingue par son style simple et sa proximité avec les fidèles des quartiers pauvres. Refusant les privilèges, il prend les transports en commun et invite régulièrement des sans-abri à sa table. Cette humilité, couplée à une parole directe, le fait remarquer par le conclave de 2013, qui l’élit pape le 13 mars, après la renonciation surprise de Benoît XVI.
Un pontificat audacieux et réformateur
Dès son élection, François impose un style radicalement différent. Il choisit le nom de François, en référence à saint François d’Assise, symbole de pauvreté et de paix. Rejetant les fastes du Vatican, il s’installe à la résidence Sainte-Marthe plutôt qu’au palais apostolique, et multiplie les gestes forts : lavement des pieds de détenus (y compris des femmes et des musulmans), accueil de réfugiés syriens, dénonciation des inégalités.
Son pontificat est marqué par une volonté de réformer l’Église, tant sur le plan administratif que pastoral. Il entreprend un assainissement des finances vaticanes, longtemps opaques, et réorganise la Curie pour la rendre plus efficace. En 2022, il promulgue une nouvelle constitution apostolique visant à décentraliser le pouvoir et à renforcer la synodalité, c’est-à-dire la participation des laïcs et des évêques locaux aux décisions.
François place la justice sociale au cœur de son message. Dans son exhortation Evangelii Gaudium (2013), il fustige une économie mondiale qui « tue » et dénonce « la mondialisation de l’indifférence ». Lors de ses voyages à Lampedusa (2013) et Lesbos (2016), il interpelle l’Europe sur sa responsabilité dans la crise migratoire, qualifiant la Méditerranée de « grand cimetière ».
Sa critique du capitalisme débridé et son plaidoyer pour l’écologie, développé dans l’encyclique Laudato Si’ (2015), en font une voix morale respectée bien au-delà des cercles catholiques. Il appelle aussi à un dialogue accru avec l’islam, devenant le premier pape à se rendre en Irak (2021) et à visiter une mosquée.
Un réformateur confronté aux résistances
Si François a séduit par son ouverture, il a aussi suscité des oppositions, notamment parmi les conservateurs. Son approche plus miséricordieuse envers les divorcés remariés (Amoris Laetitia, 2016) ou les personnes LGBT (bénédiction des unions homosexuelles en 2023) a provoqué des tensions. Les traditionalistes lui reprochent de diluer la doctrine, tandis que les progressistes regrettent qu’il n’aille pas plus loin.
La gestion des scandales de pédocriminalité a également terni son bilan. Bien qu’il ait levé le secret pontifical et instauré des procédures de signalement, les victimes ont souvent jugé ses actions insuffisantes. La crise chilienne de 2018, où il a d’abord nié les accusations contre un évêque, reste une ombre sur son pontificat.
"Hier, des enfants ont été bombardés"
Malgré ces défis, François aura marqué l’Église par sa volonté de la rendre plus proche des fidèles et du monde contemporain. Son charisme, son humour et son franc-parler en ont fait un pape populaire, capable de captiver des foules bien au-delà des catholiques pratiquants.
L'histoire retiendra que le pape François avait condamné samedi 21 décembre 2024, la « cruauté » d’Israël dans la bande de Gaza. « Hier, des enfants ont été bombardés. C’est de la cruauté, ce n’est pas la guerre. Je tiens à le dire parce que cela me touche au cœur », avait-il réagi suite à une frappe à Jabaliya, à l’extrémité nord de la bande de Gaza.
La frappe avait ciblé une habitation civile et « fait dix martyrs au sein de la famille Khalla », selon le porte-parole de la Défense civile de la bande de Gaza, Mahmoud Bassal. Toutes les personnes tuées « sont de la même famille, dont sept enfants, le plus âgé ayant six ans », avait-il précisé
Israël s’etait permis de rejeter des propos jugés «déconnectés » du « contexte réel », alors que sa machine de guerre avait dévasté Gaza et fais des centaines de milliers de victimes. Le lendemain lors de la prière de l’Angélus, le pape François avait réitéré sa condamnation.