La libération de Mérouane Barghouti a été démentie par les Israéliens (DR)

Israël: levée d'écrou inachevée

L'épisode Gilad Shalit, jeune soldat israélien détenu par le Hamas depuis 2007, connaîtrait un heureux dénouement: un millier de prisonniers palestiniens pourrait retrouver la liberté en échange de l'élargissement du détenu. Scène de liesse en Israël et à Gaza, dans un élan de joie partagée. Des larmes de bonheur pour le fils enfin revenu, le père, le frère... Hors des horreurs de la guerre, des familles israéliennes et palestiniennes ressentent les mêmes sentiments. Et on se prend à rêver d’un jour pareil qui laisserait place aux paroles des femmes et des hommes plutôt qu'aux armes.

L'accord intervenu avec le Hamas, confirmé par son aile militaire, constitue sans contexte une avancée. Il plante un nouveau jalon sur le chemin de la paix. Il faut saluer le rôle joué par l’Égypte pour l'aboutissement des négociations, signe que les deux parties en conflit ne sont pas désespérément seules, condamnées à un affrontement meurtrier sans fin.

Cet échange de prisonniers intervient dans un contexte d'enlisement dramatique du processus de paix, marqué notamment par une nouvelle offensive de l'aile dure des colons, dont les attaques sur les oliviers de paysans palestiniens est lourde de symbole, au-delà du délit à caractère barbare.

Une nouvelle, vite démentie du côté israélien, a laissé perler quelques espoirs : la libération de Mérouane Barghouti incarcéré dans une prison de haute sécurité et condamné cinq fois à la perpétuité. Personnage charismatique, Merouane fut l'un des principaux meneurs de la première intifada en 1987. « Je ne suis pas un terroriste, mais pas non plus un pacifiste. Je suis simplement un gars normal de la rue palestinienne défendant la cause que tout autre oppressé défend : le droit de m'aider en l'absence de toute aide venant d'ailleurs », déclarait-il en 2002 au Washington Post.

Opposé aux attaques contre les civils israéliens, partisan de la paix avec l’État Hébreu, en lutte contre la corruption au sein du Fatah et médiateur tout désigné entre ce dernier et le Hamas, Barghouti aurait été un formidable catalyseur du processus en panne. Son maintien en détention est plus que regrettable. Les prisons israéliennes restent par ailleurs peuplées de plus de 6 000 Palestiniens. Autant de raisons qui donnent à cette levée d’écrou un goût d’inachevé.