Elections en Algérie : les dès étaient pipés

Ils rêvaient d'un ras-de-marrée semblable à ce qui s'est produit dans les pays voisins et en Egypte, que nenni ! "L'Alliance verte", annoncée tambours battants, compte avec amertume ses maigres résultats. Les trois partis islamistes qui ont mis leurs œufs dans le même panier en espérant entrer en force au parlement n'obtiennent que 48 sièges et se classent en troisième position derrière le FLN et le RND, dinosaures installés au pouvoir.

Ces derniers peuvent boucler à eux seuls une majorité et orchestrer le fonctionnement de cette chambre d'enregistrement qu'est l'Assemblée algérienne, sans avoir à se préoccuper de ce qui est supposé constituer l'opposition, toujours réduite à une portion congrue.

Le pouvoir rentier, bureaucratique et corrompu a parfaitement organisé l'acheminement du FLN vers la victoire. Les observateurs étrangers n'y ont vu que du feu, ou ont fermé les yeux. Devant la forte abstention prévisible, les dispositifs frauduleux ont été dépoussiérés et remis en branle avec succès : vote massif "organisé" des corps constitués, clientélisme, arrosage d'argent frais, bulletins volants, bourrages, manipulation de l'électorat, et, pour finir, un discours présidentiel aux accents pathétiques, promettant de passer le flambeau aux nouvelles générations. Pour faire pleurer dans les chaumières, le temps d'un scrutin.

Les nouveaux, et forcément petits, partis à tendance démocratique dont les directions se sont creusées les méninges pour proposer des programmes ambitieux et cohérents, ont finalement pédalé dans la semoule. Les mieux lotis d'entre eux se contenteront d'une vingtaine de sièges pour faire de la figuration, amuser la galerie. Il leur faudra batailler dur pour exploiter leur présence au parlement et arracher des tribunes d'expression en direction de l'opinion. Ainsi, comme au bon vieux temps, les dès étaient pipés. Plus que jamais, l'opposition démocratique se doit d'être rassemblée pour exister et proposer une véritable alternative.