Béziers 2014 : Robert Ménard persiste et signe dans le poujadisme... tout en s'en défendant !
Par nicolas éthèvePublié le
Médiaterranée Languedoc-Roussillon a décortiqué la récente interview accordée par Robert Ménard à l'hebdomadaire Jeudi Tout et ce n'est pas triste ! Analyse des propos de l'ancien président de Reporters Sans Frontières devenu candidat à la mairie de Béziers pour les municipales de 2014 « avec des gens du FN »...
Dans une longue interview publiée dans Jeudi Tout*, Robert Ménard reste égal à lui même : il assume ses propos sur les « pauvres », les « Maghrébins » et les « Gitans » de Béziers, bien que ces derniers restent stigmatisants. Il ne lésine pas sur les grossièretés et se drape toujours des atours de l'homme providentiel, face à une classe politique qu'il vilipende, avec tous les relents du slogan poujadiste « tous pourris », sans doute pour se rapprocher des « petits » contre les « gros »... Et dans le même élan, il continue de rendre flou les frontières qui le séparent du Front national, alors que Guillaume Vouzellaud, le responsable du FN à Béziers, avait espéré lors des négociations conduites entre les deux hommes qu'il serait la tête de liste de son parti dirigé par Marine Le Pen, aux municipales de 2014...
« Putain », « cul », « cons », « baisé »...
« La ville s'est recroquevillée sur elle-même, se rétracte jusqu'à s'effondrer dans certains quartiers. Je regardais en spectateur, à rouméguer comme un vieux con quand me femme m'a dit '' Prends le problème à bras-le-corps '' ». C'est la première grossièreté de Robert Ménard que l'on peut lire dans l'hebdo.
Viennent ensuite « putain », « cul », à nouveau « cons » et « putain » et « baisé », ces deux derniers mots étant mis dans la bouche de Georges Frêche, mais rapportés par Robert Ménard. Ce langage ordurier est la preuve que le titre de Midi Libre sur la « putain d'envie » avec laquelle il compte résoudre « chaque problème » de la vie communale, n'a pas dérangé celui qui veut se présenter comme un iconoclaste proche des gens vrais, ceux qui appellent « un chat, un chat », une qualité dont il se prévaut.
« Provocateur », Robert Ménard ? Non, un « esprit libre », corrige d'emblée l'ancien président de Reporters Sans Frontières à son intervieweur, Alain Nenoff. Un « esprit libre » qui veut « faire le ménage », se « débarrasse(r) » avec les biterrois de toute « cette classe politique » qui « a tué la ville ». Les mots ont de quoi faire froid dans le dos, quand on sait, comme Robert Ménard en est bien conscient, que l'histoire est souvent faite de sang, de larmes et de beaucoup de démagogie...
La stratégie du flou
A côté de sa stratégie du dénigrement de Béziers et d'une classe politique qui serait préoccupée par ses intérêts personnels à l'inverse de lui, l'homme auto-proclamé providentiel et sans langue de bois, place est aussi donnée, dans cette interview, à sa stratégie du flou.
« Raymond Courderc me place à la droite de la droite et après il va applaudir Copé et ses pains au chocolat ! Quelle est la différence entre les propos de Copé et ceux de Marine Le Pen ? (…) Moi, je ne vote pas Front national ! Je ne sais pas comment il faut le dire : je ne vote pas Front national et je ne mènerai pas une liste du Front national, mais je n'exclus pas les gens du Front national ».
Robert Ménard introduit plus de flou encore, à la faveur d'une question de Jeudi Tout sur sa participation au projet d'une télé internet identitaire, auquel des « personnalités d'extrême droite » travaillent d'arrache-pied, comme l'a pertinemment mis en lumière le blog Droite(s) Extrême(s) : « Des gens me proposent : est-ce que vous voulez faire une émission comme vous faisiez sur i-Télé, mais en toute liberté ? J'ai répondu oui, je ne me suis même pas posé la question de qui est à côté de moi, ça ne m'intéresse pas ».
Des fois oui, des fois non...
En résumé, il y a des fois où Robert Ménard s'interroge sur les gens qu'il peut côtoyer à Béziers, dans certains de ses quartiers et jusqu'à l'hôtel de ville, et d'autres où il ne se pose pas un instant la question, même quand il s'agit de s'engager dans le portage d'un projet professionnel ! C'est ce que l'on appelle, au mieux, une logique à géométrie variable qui a quelque part sa propre constance et, au pire, de la mauvaise foi... A vous de trancher !
(*). Cette interview a été publiée dans le numéro 33 de Jeudi Tout, disponible en kiosque du 31 janvier au 7 février 2013. Elle sera consultable gratuitement ici, à partir de ce jeudi 14 février.
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