Trois ans au pouvoir : le bilan contrasté de Giorgia Meloni en Italie
Trois ans déjà. Le 22 octobre 2022, Giorgia Meloni devenait la première femme à diriger le gouvernement italien. Aujourd'hui, elle est à la tête du troisième exécutif le plus long de la Deuxième République italienne, une stabilité rare dans un pays habitué aux crises politiques. Mais derrière cette longévité, le bilan reste contrasté.
Les chiffres économiques plaident en sa faveur. Le chômage a fortement baissé, passant de 7,8 % en octobre 2022 à 6 % en août 2025. Le déficit public s'est réduit de 8,6 % du PIB en 2022 à 3,4 % en 2025, se rapprochant des objectifs européens. Les agences de notation ont même relevé la note de la dette souveraine italienne.
Signe de ce regain de confiance : l'Italie emprunte désormais moins cher que la France sur les marchés financiers, une première depuis la crise de la dette de 2011. « L'Italie n'est plus l'homme malade de l'Europe », se félicitait Giorgia Meloni lors de la Rencontre de Rimini en août dernier.
Des faiblesses structurelles persistantes
Mais le tableau n'est pas si rose. La croissance reste atone, plafonnant à 0,5 % en 2025. Et surtout, les salaires stagnent : l'Italie est le seul pays de l'Union européenne où les rémunérations réelles ont baissé ces vingt dernières années. Selon l'ISTAT, elles restent 8,8 % inférieures à leur niveau de janvier 2021.
La dette publique demeure préoccupante, à 135 % du PIB, bien au-dessus de la moyenne européenne. Et les jeunes continuent de fuir : 156 000 Italiens ont émigré en 2024, avec une moyenne d'âge de 33 ans.
Sur le plan politique, celle que Forbes a classée quatrième femme la plus puissante du monde en 2025 est accusée de dérive illibérale. La mainmise de Fratelli d'Italia sur la RAI, la télévision publique, inquiète les défenseurs de la liberté de la presse. Quant à sa promesse de stopper l'immigration, elle s'est heurtée à la réalité : son gouvernement a délivré près d'un million de visas de travail en trois ans. Un pragmatisme qui surprend, venant d'une dirigeante d'extrême droite.