A Marseille, les transports en commun sont à l'arrêt total depuis ce matin, suite à l'agression d'un chauffeur de bus. (Jean-Louis Zimmermann / Flickr)

Marseille : Les transports en commun à l'arrêt total suite à une agression

Hier soir, un chauffeur de bus a été agressé à coups de cutter dans le centre de Marseille. Depuis ce matin, aucun transport en commun ne circule dans la ville.

L'agression a eu lieu mardi, autour de 18h, sur le boulevard Vauban, dans le 6e arrondissement de Marseille. Selon les premiers éléments, le chauffeur du bus 57, qui relie le Centre-Bourse à Vauban, aurait demandé à un jeune homme de cesser d'appuyer systématiquement sur le bouton de demande d'arrêt.

L'adolescent, âgé d'une quinzaine d'années, lui aurait alors asséné un coup de cutter au visage, le blessant grièvement. L'auteur présumé de l'agression a été arrêté en début de soirée et placé en garde à vue.

Aucun transport aujourd'hui

Aussitôt prévenu, Karim Zeribi, le président de la RTM, s'est dit « scandalisé par de tels actes ». « L'émoi est vif au sein de la régie », ajoutait-il.

En effet, comme les agents de la RTM l'avaient laissé entendre dès hier soir, aucun bus, aucun métro, aucun tramway ne circule depuis ce matin.

La direction de la Régie des Transports de Marseille précise par ailleurs qu'il ne s'agit pas d'un mouvement de grève, mais d'une mise à l'arrêt du service. Une reprise du trafic était espérée en ce début d'après-midi, mais l'arrêt a été prolongé pour toute la journée. Aucun transport en commun ne circulera aujourd'hui. 

Depuis ce matin, la ville est saturée de voitures, et la circulation est très difficile sur les grands axes et dans le centre.

Devant les stations de métro, qui ont gardé leur rideau tiré, certains voyageurs sont déjà au courant de la nouvelle. D'autres descendent pour rien les escaliers mécaniques, également à l'arrêt, et remontent en colère.

Raccourcis rapides

Les discussions s'organisent. Ceux qui savent informent les autres du fait divers, et les conversations s'animent. « C'est pas à cause d'un seul, que tout le monde doit payer ! », s'emporte un vieux monsieur.

« Il faut bien que les agents se défendent ! », réplique un homme. « De toutes façons, vous verrez, ils l'arrêtent, et dans même pas un mois, il sera relâché », lance une dame.

Bien vite, les propos commencent à dériver, et les raccourcis rapides s'imposent. Les faits ont eu lieu en plein centre-ville, rien ne permet de connaître l'identité de l'agresseur présumé, mais ce sont les jeunes étrangers, ou d'origine immigrée qui se retrouvent au cœur des débats.

« Il y a trop d'étrangers, ici. Bien sûr, on dit la France, terre d'accueil, mais la France c'est pas une vache à lait ! », lance la même dame. Le vieux monsieur acquiesce et y va de son anecdote vécue sur le comportement des « musulmans ».

Marseille et ses contrastes

En quelques minutes, les abords d'un station de métro se transforment en tribunal des étrangers, des autres, des « pas comme nous ». Puis une jeune femme arrive, s'apprête à descendre les escaliers pour rien.

Le vieux monsieur la prévient que le métro ne circule pas, et lui en explique la raison. La jeune femme est horrifiée par ce qu'il lui raconte. Elle ne s'exprime pas très bien en français, elle a un fort accent étranger, mais fait bien comprendre toute son indignation devant cette agression.

Puis elle demande où elle pourrait trouver un commerce dans le quartier. Le vieux monsieur la renseigne très gentiment, avec un grand sourire.

C'est aussi ça Marseille, ses contrastes et ses contradictions. Une ville en équilibre fragile, qu'un rien peut faire basculer, d'un côté comme de l'autre.